Canadian Parents for French milite pour l’enseignement d’un français usuel et utile

«Le français s’apprend encore comme une langue morte»

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Publié 18/07/2006 par Yann Buxeda

En août prochain, le Collège Glendon accueillera une session spéciale de trois jours dédiée à la formation des enseignants du français langue seconde. Un rendez-vous fixé par Canadian Parents for French (CPF), qui souhaite en cela redynamiser l’apprentissage du français au travers d’un concept: la promotion du français usuel et utile.

«Dans l’Ouest, en Alberta par exemple, l’apprentissage du français est beaucoup mieux géré.» C’est un véritable appel du pied que fait Monika Ferenczy aux conseils scolaires anglophones ontariens.

La présidente de Canadian Parents for French, déplore ouvertement l’état de l’enseignement du français langue seconde en Ontario. Certains chiffres donnent effctivement à réfléchir sur la qualité des programmes d’immersion, puisque 94% des jeunes abandonnent l’apprentissage du français entre la 9e et la 12e année.

Un constat alarmant, que Monika Ferenczy justifie essentiellement par le contenu des cours et leur manque d’applicabilité au quotidien: «Ce taux d’abandon est la conséquence directe du système d’apprentissage. À l’école, les élèves francophones ne sont que très rarement confrontés à la pratique de la langue.»

Et de déplorer: «Indirectement, en langue seconde, le français s’apprend comme une langue morte, et rares sont les enfants capables de converser dans la langue de Molière après six années de pratique. Il faut revoir les méthodes d’enseignement, car l’amour d’une langue ne se transmet pas par la grammaire et la conjugaison mais par la pratique et l’assimilation d’une culture.»

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Et c’est justement sur ce créneau que tente de s’impliquer CPF, qui propose, depuis 1977, pléthore d’activités pour sensibiliser les jeunes anglophones à la pratique du français. Sont régulièrement organisés des concours de lecture en partenariat avec les bibliothèques municipales, des journées d’activités entre francophiles et francophones.

Mais l’organisation, forte de 24 000 membres, ne s’attaque pas qu’aux conséquences du problème, et tente d’y remédier à la racine. Car si sur les 60 conseils scolaires anglophones ontariens, 53 proposent un programme d’immersion en français, force est de constater que l’offre est parfois minime et peu adaptée à la demande, comme le constate la présidente: «Il existe à ce jour un véritable manque de coordination entre les conseils scolaires. Les programmes n’ont parfois aucun lien entre eux et il n’existe pas de véritable ligne directrice concernant l’apprentissage du français. Certains conseils font toujours la sourde oreille…»

Une pique à peine masquée alors qu’elle évoque la situation de parents d’élèves qui se battent maintenant depuis sept ans dans le comté d’Huron pour que le conseil mette en place un programme d’immersion, mais en vain. Pourtant, selon la présidente, le problème ne vient pas de la demande, puisqu’à ce jour, 150 000 élèves sont en apprentissage du français. Un chiffre qu’elle juge encourageant, mais qui reste «encore loin de représenter le potentiel francophone en Ontario».

Et, en cette année du 40e anniversaire du premier programme d’immersion lancé au Canada, Canadian Parents for French a tenu à soutenir une initiative du Collège Glendon en vue d’améliorer les programmes de français de base en Ontario.

Un programme pilote déjà mis en place dans les autres provinces, et qui s’appuie sur une approche intensive des fondamentaux pratiques du français sera proposée aux enseignants ontariens, via une session de formation du 23 au 25 août prochain. Et les résultats dans les autres territoires canadiens sont encourageants, puisque selon les premiers bilans, il est évoqué un net regain de motivation non seulement chez les élèves, mais aussi chez les enseignants et les parents. Un fait qui se traduit dans les résultats puisque les taux de réussite sont eux aussi sensiblement en hausse, toujours selon les estimations de CPF.

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Pour la présidente, cette première session de formation s’imposait logiquement comme une nécessité: «À la vue du retard pris par l’Ontario, nous ne pouvions passer à côté de cette opportunité. Nous allons non seulement tenter de redéfinir les fondamentaux de l’enseignement de la langue française en tant que langue seconde, mais aussi de mettre instamment des directives en application, grâce au soutien des parents.»

Une initiative on ne peut plus louable, qui pourrait redynamiser la pratique parlée du français auprès de la jeunesse canadienne. Mais Monika Ferenczy a conscience que le combat est loin d’être gagné d’avance.

Une lutte qui s’articulera dans les années à venir sur plusieurs axiomes, à commencer par la formation des enseignants, conséquence directe de l’apprentissage des élèves, et par la mise en place d’une véritable ligne directrice de ces systèmes d’immersion. Une clé de voûte du système encore absente au sein de l’édifice éducatif bilingue ontarien.

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