Budget fédéral: quelques réserves en Ontario

Dualité ou langues officielles?

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Publié 22/03/2013 par l-express.ca

Le gouvernement libéral de l’Ontario s’est dit heureux de constater que le gouvernement fédéral a promis de travailler à l’élimination des échappatoires fiscales au profit des entreprises, la lutte contre l’économie souterraine, les compétences et la formation, et l’infrastructure.

C’est ce qu’a déclaré vendredi le nouveau ministre ontarien des Finances, Charles Sousa, à propos du budget fédéral 2013 déposé par son homologue conservateur (et prédécesseur) Jim Flaherty.

«Toutefois», a-t-il dit, «nous avons quelques réserves en ce qui concerne la façon dont certaines de ces mesures sont proposées (…) notamment dans le domaine des compétences et de la formation», où le gouvernement Harper semble éliminer «la souplesse dont nous avons besoin pour adapter le financement fédéral aux besoins particuliers de l’économie et du marché du travail de l’Ontario».

Cette réaction plutôt calme contraste avec celle, apoplectique, de son collège québécois, qui monte au front contre les diktats d’Ottawa dans ce champ de compétence provinciale.

«Nous avons également demandé au gouvernement fédéral de renouveler le financement des transferts en matière de marché du travail qui sont sur le point d’arriver à expiration», expose M. Sousa, qui dit craindre «que les conditions s’appliquant à une grande partie des nouveaux fonds consacrés à la nouvelle Subvention canadienne pour l’emploi obligent la province à réorienter les ressources existantes actuellement utilisées pour les groupes sous-représentés vers ce nouveau programme fédéral».

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L’Ontario investit déjà des ressources considérables, avec l’aide du financement fédéral existant, afin de produire des résultats pour les employeurs et les personnes qui veulent se perfectionner et trouver du travail, assure le ministre ontarien.

M. Sousa fait valoir qu’Emploi Ontario «a aidé plus de 290 000 Ontariennes et Ontariens à obtenir une formation et à trouver du travail en 2012, et permis à plus de 90 000 employeurs de trouver le personnel qualifié dont ils avaient besoin».

«Le budget d’aujourd’hui suggère que le gouvernement fédéral estime être mieux placé pour concevoir des programmes qui répondent aux besoins des travailleurs ontariens. Nous savons que la province est la plus apte à comprendre les exigences relatives à son marché de l’emploi et la façon de les satisfaire.»

Par ailleurs, l’Ontario «constate avec satisfaction que le gouvernement fédéral est déterminé à poursuivre ses investissements dans l’infrastructure dans le cadre de son nouveau plan Chantiers Canada».

«La province espère que le gouvernement fédéral permettra aux provinces d’utiliser ces investissements pour appuyer les priorités provinciales, comme les transports en commun, les routes, les ponts, les autoroutes et les eaux usées, de manière avisée et stratégique, et d’optimiser les ressources pour les citoyennes et citoyens.»

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«Globalement», estime M. Sousa, «le gouvernement fédéral a pris des mesures positives pour faire progresser l’Ontario». Le gouvernement de la nouvelle première ministre Kathleen Wynne félicite même le fédéral de continuer à investir dans des logements abordables: «même si nous nous attendons à un engagement à plus long terme de la part du gouvernement fédéral à ce sujet, un grand pas en avant a été franchi».

La Feuille de route sur les langues officielles

Du côté de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada et de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), on se dit encouragé par l’annonce, dans le budget fédéral, d’une nouvelle Feuille de route pour les langues officielles 2013-2018.

La Fédération trouve également positif qu’on décrive cette nouvelle Feuille de route comme le «reflet d’un engagement permanent d’accroître la vitalité des communautés minoritaires de langue officielle».

«Même s’il reste à connaître le contenu de cette nouvelle Feuille de route, nous avons au moins un signal clair que la Feuille de route sera renouvelée», se félicite la présidente de la FCFA, Marie-France Kenny.

«Pour nos communautés qui se sont mobilisées pour participer aux consultations du gouvernement sur les langues officielles l’été dernier, c’était important d’avoir ce signal. La prochaine étape, c’est d’en savoir plus sur les priorités et les investissements associés à cette nouvelle Feuille de route.»

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Rappelons que la Feuille de route pour la dualité linguistique 2008-2013, qui se termine le 31 mars, était assortie d’investissements de 1,1 milliard $ sur cinq ans. Ces investissements ont permis le développement de services et d’activités en français qui rejoignent les citoyens dans des secteurs comme la santé, la culture, l’éducation ou l’immigration.

Le budget fédéral parle d’ailleurs d’une Feuille de route pour «les langues officielles» et non plus pour «la dualité linguistique», un changement de terminologie qui a déplu au président de l’AFO, Denis Vaillancourt, qui participait vendredi au Forum de la francophonie torontoise au Collège universitaire Glendon.

«Les langues officielles, c’est limitée à la bureaucratie fédérale, alors que la dualité linguistique concerne toute la société», a-t-il fait valoir, en disant espérer qu’il ne s’agit là d’un changement de nom sans conséquence plutôt que d’une volonté du gouvernement conservateur de limiter la portée de la Feuille de route.

La FCFA, elle, continue de s’inquiéter des impacts de l’effort de réduction des dépenses gouvernementales sur la capacité du gouvernement à s’acquitter de ses obligations linguistiques. «Le ministre Flaherty a réitéré son intention d’éliminer le déficit d’ici 2015; c’est un objectif louable, mais il ne faut pas que ça se fasse aux dépens de la capacité du gouvernement d’offrir des services et des communications en français et en anglais comme il en a l’obligation, ou du droit des fonctionnaires de travailler dans la langue officielle de leur choix», souligne Mme Kenny.

D’autre part, la nouvelle orientation vers l’immigration à caractère économique présente «un potentiel intéressant pour le recrutement d’immigrants de langue française qui s’installeront dans nos communautés», indique la FCFA. Mais «dans quelle mesure a-t-on pris en compte notre situation et nos besoins spécifiques? Cette question est valide pour bon nombre des initiatives annoncées aujourd’hui, comme tout ce qui concerne la formation en emploi.»

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