Budget fédéral: Québec rejette le programme sur la main-d’oeuvre

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Publié 22/03/2013 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 14h47 HAE, le 22 mars 2013.

QUÉBEC – Indigné par le budget fédéral, le gouvernement Marois va refuser d’adhérer au nouveau programme sur la formation de la main-d’oeuvre.

Le Québec ne laissera pas le fédéral s’immiscer «dans un domaine où il n’a aucune expertise», a prévenu vendredi le ministre des Relations intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, sans préciser les moyens qui seront mis de l’avant.

Le gouvernement du Québec entend être le seul maître à bord dans le dossier de la main-d’oeuvre et va exiger de son vis-à-vis fédéral qu’il lui verse l’entièreté des sommes consacrées aux mesures d’emploi, a expliqué, de son côté, la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais.

En point de presse, Mme Maltais a accusé le gouvernement Harper de faire reculer le Québec de 15 ans avec ses nouvelles orientations sur la main-d’oeuvre.

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«Nous demandons l’exclusion du Québec de ce nouveau programme fédéral et nous refusons ce recul de 15 ans dans les travaux qui ont été faits pour être efficace et performant en matière de formation», a-t-elle lancé.

Le gouvernement fédéral compte en effet revoir les ententes relatives à la formation de la main-d’oeuvre afin d’imposer ses conditions et établir de nouveaux paramètres, notamment en exigeant une contribution des entreprises.

Le Québec, qui a signé des ententes en 1997 et 2008 qui lui assurent des transferts annuels de 700 millions $ pour l’employabilité, refuse de laisser Ottawa intervenir dans son champ de compétence.

En cette matière, le gouvernement du Parti québécois n’est pas seul dans le camp des indignés. Les principaux partis d’opposition ont eux aussi condamné les visées d’Ottawa sur la formation de la main-d’oeuvre.

L’abandon graduel du crédit d’impôt sur les cotisations aux fonds de travailleurs suscite également l’indignation unanime de la classe politique.

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L’opposition libérale croit néanmoins que le gouvernement péquiste est responsable des décisions fédérales défavorables au Québec.

«Qu’est-ce qu’il a fait depuis six mois? En fait, ils ont fait le show, ils ont fait la chicane avec le fédéral, ils ont coupé les ponts et détruit tout rapport de force», a déclaré le porte-parole libéral pour le Conseil du trésor, Sam Hamad.

À titre d’exemple, il a rappelé que la ministre Maltais avait perdu toute crédibilité dans sa bataille contre la réforme fédérale de l’assurance-emploi depuis qu’elle a elle-même passé en catimini le couperet à l’aide sociale.

Selon lui, les orientations budgétaires du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, auraient peut-être été plus acceptables si Québec avait su maintenir ouvertes «les voies de communication» avec le gouvernement Harper.

Manifestement, le gouvernement fédéral n’a pas fait ses devoirs avant la présentation du budget, a quant à lui affirmé le député Christian Dubé, de la Coalition avenir Québec.

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M. Dubé a invité le ministre québécois des Finances, Nicolas Marceau, à faire alliance avec son homologue de l’Ontario pour défendre auprès d’Ottawa la compétence des provinces en matière de formation de la main-d’oeuvre.

Que ce soit pour la main-d’oeuvre ou pour les fonds de travailleurs, le gouvernement Marois doit mettre son option nationale de côté et négocier de bonne foi des pistes de solution avec Ottawa, a-t-il fait valoir.

«Le gouvernement fédéral est à blâmer (mais) j’espère que le gouvernement actuel, notre gouvernement du Parti québécois, n’ira pas en profiter, je le souhaite, je touche du bois, pour en faire un débat souverainiste», a soulevé M. Dubé.

Il n’y a pas que du mauvais dans le budget Flaherty, a nuancé le député de Lévis. La reconduction du programme pour les infrastructures, l’aide au secteur aérospatial et le maintien du cap vers l’équilibre budgétaire en 2015 sont d’heureuses nouvelles, a-t-il dit.

Subvention conditionnelle

Ottawa souhaite que le secteur privé, et non plus seulement le gouvernement, «dicte les choix en matière de formation professionnelle».

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Les négociations entre le gouvernement Harper et les provinces en vue du renouvellement des programmes de formation de la main-d’oeuvre, qui viennent à échéance en 2014, s’articuleront autour d’une nouvelle création d’Ottawa: la subvention canadienne pour l’emploi, l’une des pierres angulaires du budget de 2013.

Des 500 millions $ prévus pour ce fonds, 300 millions $ sont conditionnels à la contribution des entreprises et des provinces. Sans elles, la subvention d’Ottawa s’envole en fumée.

Si l’entente était renégociée avec le même financement, cela voudrait donc dire, pour Québec, que 67 des 116 millions $ par année dépendraient de l’adhésion au modèle mis de l’avant par le fédéral, dont l’objectif est de «jumeler les Canadiens aux emplois disponibles».

En conférence de presse à Ottawa, le ministre de l’Industrie, Christian Paradis, a affirmé qu’il ne souhaitait «pas de bataille» entre Ottawa et Québec sur cette question, plaidant qu’il ne fallait «pas voir ça comme un rapatriement de pouvoir à Ottawa».

Disant se fier aux réactions glanées lors de consultations avec des associations de manufacturiers et de regroupements de gens d’affaires aux quatre coins du pays, Jim Flaherty s’est pour sa part dit confiant que les entreprises «aimeraient participer» à l’initiative et que la subvention était considérée comme «une chose importante» dans le milieu.

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Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) — qui a affirmé jeudi ne pas avoir été consulté —ne s’est pas montré convaincu des vertus de cette subvention, et ce, même si le modèle actuel souffre d’un «manque d’adéquation» entre la formation et les besoins en emploi, a exposé Norma Kozhaya, économiste en chef de l’organisation. Le CPQ aurait largement préféré des crédits d’impôt aux entreprises pour encourager la formation continue, a précisé Mme Kozhaya.

Les modalités de ce volet conditionnel de la subvention devront être élaborées avec beaucoup de doigté. Comment, par exemple, un employeur qui débourse les frais de formation d’un potentiel travailleur pourra-t-il s’assurer que celui-ci lui demeurera fidèle?

Car selon le modèle préconisé par le gouvernement conservateur, l’entreprise peut débourser jusqu’à 5000 $ afin de financer la formation d’une personne qui lui semble avoir le potentiel d’occuper un poste qu’elle cherche à combler. Avec les conteparties équivalentes du fédéral et du provincial, la subvention peut donc atteindre 15 000 $ par personne.

Le secteur privé est appelé à jouer un plus grand rôle dans la formation de la main-d’oeuvre car trop d’entreprises et de travailleurs n’arrivent pas à trouver chaussure à leur pied, selon le gouvernement fédéral.

«Au Canada, la formation professionnelle n’est pas suffisamment liée aux compétences dont les employeurs ont besoin ou aux emplois disponibles. (…) Pour renverser cette tendance, il est essentiel d’assurer la concordance entre les besoins des employeurs et la formation que reçoivent les Canadiens», peut-on lire dans le communiqué de presse du ministère des Finances.

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Le gouvernement Harper estime qu’une fois l’initiative entièrement mise en oeuvre, près de 130 000 Canadiens pourraient suivre une formation à chaque année dans des «établissements admissibles».

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