Qu’ils soient anges ou démons en quête de rédemption, les personnages de Robert Bresson aspirent tous à la transcendance. Leur cinéaste, aussi, a toujours été attiré par un cinéma précis, rigoureux, exemplaire et surtout autre, en rupture avec une reproduction fidèle du réel.
Des images d’une pureté rare, des visages austères qui, par moments, viennent s’auréoler d’une lumière radieuse, presque céleste: à travers son œuvre, Bresson, père éternel du cinéma français, explore les chemins empruntés de l’ascèse en filmant la vie intérieure des personnages, tout leur être tendu vers un ineffable mystique qui les dépasse.
À la notion de cinéaste qui invente où encore déforme les événements, il oppose celle de cinématographe, architecte des regards qui recherche l’authenticité, et ce faisant, refuse tout effet particulier, que ce soit dans la mise en scène ou dans le jeu des personnages, devenus non plus acteurs mais modèles dénués de toute théâtralité.
On l’a souvent critiqué pour sa rigueur et son austérité. Reste que visionner l’un de films de Bresson demeure un véritable plaisir cinéphilique permettant de renouer avec l’essence du septième art, avant que les James Bond et autres productions en technicolor ne viennent envahir l’écran.
À Cinémathèque Ontario, du 26 février au 5 mars, Three by Bresson est justement une rétrospective des œuvres du cinéaste. Cette dernière permet de saisir, par le biais d’une trilogie – Journal d’un curé de campagne, Mouchette et Au hasard Balthazar – l’étendue et la portée de sa démarche.