Brampton: la Loi sur les services en français trop théorique?

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Publié 13/02/2007 par Ève Pavesi

Le 1er janvier dernier, la désignation de Brampton en vertu de la Loi sur les services en français entrait en vigueur, portant à deux avec Mississauga le nombre de villes sous cette loi dans la région de Peel. Une bonne nouvelle pour la communauté francophone qui espère que cette annonce appuiera la mise en place des engagements provinciaux attendus en matière de santé primaire depuis maintenant plus de 21 ans à Mississauga.

Si l’Office des Affaires francophones (OAF) déclare aujourd’hui qu’environ 85 % de la population francophone de l’Ontario a accès aux services en français avec 26 régions désignées sous la Loi, nombreux sont ceux qui ne les utilisent pas faute de communication.

«Il manque un vrai mécanisme pour informer la population des services offerts en français car nous ne connaissons pas la nature de ces services, ni où ils sont, ni par qui», déclare une résidente de Brampton qui a vécu 23 ans à Mississauga.

Un problème que l’OAF a décidé de prendre en main pour Brampton en lançant prochainement un petit livret répertoriant les différents services en français disponibles dans la ville. Celui-ci sera distribué lors d’une foire des services en français organisée le vendredi 16 février à l’hôtel de ville de Brampton.

«Nous savons que l’offre des services en français émergents sous la Loi peut paraître assez nébuleuse c’est pourquoi nous avons conçu ce livret qui pourra d’ailleurs aussi servir aux habitants de Mississauga. Notre but est de promouvoir concrètement l’offre active des services et inciter les gens à les utiliser», explique Charles Jean Sucsan, responsable des communications stratégiques à l’OFA.

Par ailleurs, certains comme le Regroupement des intervenants et intervenantes francophones en santé et services sociaux de l’Ontario (RIFSSSO), s’étaient déjà attelés à répertorier des services en français dans le domaine de la santé en Ontario avec le lancement l’an passé du répertoire en ligne de médecins francophones (cliquezsante.ca). Mais force est de constater que lorsque l’on recherche un médecin de famille dans la région du sud, le Centre francophone de Toronto (CFT) est le seul résultat que le moteur de recherche du site internet indique. Une observation alarmante quand on sait que la région Sud compte environ 175 000 francophones et que 57% d’entre eux vivent dans des régions désignées en vertu de la Loi sur les services en français.

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En effet, les agences financées par des fonds publics, telles que les hôpitaux, sociétés d’aide à l’enfance et foyers pour personnes âgées ne sont pas automatiquement assujetties à la Loi. Toutefois, le Conseil des ministres peut désigner ces agences comme pourvoyeurs de services en français en passant un règlement. Après la désignation, ces agences doivent offrir les services en français au même niveau que les ministères. Jusqu’à présent, un total de 201 agences ont été désignées pour offrir tous leurs services ou une partie de leurs services en français.

Mais si l’on prend l’exemple de Mississauga, où la Loi des services en français est en vigueur depuis 1986, aucune agence de santé n’a encore été désignée pour offrir des services de santé en français malgré les efforts de la communauté francophone. «Il existe une dizaine d’agences identifiées. Celles-ci travaillent à développer des services en français. Mais en ce qui concerne les médecins francophones, ils se font très rares et ne prennent généralement plus de patients», explique France Tolhurst, consultante régionale Services de santé en français pour le ministère de la Santé.

Face à cette situation, un groupe de francophones de la région de Peel, réunis sous le titre de Centre francophone de santé communautaire de Mississauga (CFSCM), travaille depuis 1988 pour faire reconnaître les besoins des francophones et obtenir des services en matière de santé primaire. «Plus de 20 000 francophones – dont 29% sont des membres d’une minorité raciale dans Peel – habitent le territoire entre Toronto et Hamilton.

C’est une région en pleine croissance qui mérite une attention urgente face à l’absence de soins de santé primaire en français», expose Carmen Gauthier, présidente du CFSCM. Suite à des sondages, une première demande de financement pour un centre francophone de santé communautaire a été déposée en 1992 au ministère de la Santé, essuyant un refus. Mais le CFSCM ne laisse pas tomber, depuis 1997 il collabore étroitement avec le Centre francophone de Toronto (CFT) pour l’ouverture d’un satellite à Mississauga qui desservirait les francophones de la ville de Brampton et deux autres villes non-désignées mais où de nombreux francophones résident, Oakville et Georgetown. En 2006, une nouvelle demande de financement a été déposée auprès du ministre de la Santé et des Soins de longue durée, George Smitherman.

Une requête qui ne semble pas être à l’ordre du jour au ministère. «Nous avons lancé en juillet 2006 un plan d’élargissement du réseau de centres communautaires de santé avec quatre nouveaux centres et huit nouveaux satellites à travers la province. Les décisions ont été prises selon les endroits qui en avaient le plus grand besoin mais la ville de Mississauga n’en fait pas partie», indique Dan Strasbourg du service de communications au ministère de la Santé. Le financement pour tous les centres de santé communautaire étant uniquement offert par ce programme sans différence faite pour les centres francophones, la ville de Mississauga doit se résigner à attendre. «Le ministère ne considérera les prochaines demandes que quand celles entreprises présentement seront complétées», ajoute Dan Strasbourg.

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Le plan d’élargissement a cependant appuyé le projet d’un nouveau centre communautaire de santé pour Brampton situé à Bramalea, laissant la possibilité d’une alliance avec Mississauga afin d’assurer que certains services soient offerts en français. «Nous n’avons pas encore communiqué avec les responsables du projet du centre de Brampton mais il est certain que même si nous préférons voir la création d’un satellite à Mississauga, nous ne rejetons pas l’idée d’un partenariat pour des services bilingues», indique Carmen Gauthier.

Si la Loi sur les services en français est une initiative respectable, il semble qu’un effort au niveau de la santé soit urgent et indispensable. D’après le rapport Préparer le terrain lancé par le Réseau franco-santé du Sud de l’Ontario en janvier dernier, les besoins et les manques de services de santé primaire en français sont de plus en plus criants en Ontario.

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