L’ancien Secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali est décédé le 16 février 2016 sans avoir rendu compte de son inaction durant le génocide rwandais de 1994. Il fut élu en 1992 et resta à la tête de l’organisation jusqu’en 1996.
Après cela, il ne fut pas reconduit dans ses fonctions, car des pays comme les États-Unis s’y opposaient. Ce fut le premier Africain à accéder à ce poste et ironiquement, c’est sous sa gouvernance que des Africains comme lui ont perpétré le dernier génocide du XXe siècle.
Pourtant ce génocide était une chronique de morts annoncées. Le Rwanda et le Burundi, minuscules pays de la région des Grands Lacs ont souvent connu depuis leurs indépendances respectives dans les années soixante, des massacres ethniques. En janvier 1993, soit un an avant le génocide rwandais, il y eut à la télévision française, un appel désespéré d’observateurs européens revenus du Rwanda qui imploraient l’intervention d’une force internationale pour éviter le pire.
Un document est disponible en ligne. C’est celui de Jean Carbonare, président de l’association Survie, un organisme pour le développement rural en Afrique. Celui-ci (allez vérifier si vous le souhaitez) fut au Rwanda au début de 1993 dans le cadre de la Fédération internationale des Droits de l’homme.
Dans cette vidéo, il témoigne des massacres qu’il a vus et retient difficilement ses larmes en expliquant à son interlocuteur journaliste qu’il revient de l’enfer: «On a parlé d’affrontements ethniques, mais en réalité, c’est une politique organisée et que nous avons pu vérifier malheureusement, parce que dans plusieurs coins du pays, en même temps éclatent des incidents et ce n’est pas fortuit, ce n’est pas gratuit, on sent que derrière tout ça, il y a un mécanisme qui se met en route et on a parlé de purification ethnique, de génocide.»