Bouger pour vivre

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Publié 12/08/2008 par Dre Jane E. Aubin

La ville de Pékin recevra bientôt des milliers d’athlètes du monde entier qui tenteront d’appliquer la devise olympique : «plus vite, plus haut, plus fort». 
 
Et sans doute qu’une bonne partie des millions de Canadiens qui suivront leurs exploits passionnément seront motivés à faire eux-mêmes de l’activité physique.

Pour les olympiens, le seul fait d’aspirer à une médaille les oblige à s’entraîner à temps plein. Mais pour beaucoup moins d’efforts, la moyenne des Canadiens pourrait augmenter ses chances de remporter un prix beaucoup plus convoité: une longue vie.

Même si cela semble exagéré, près de deux millions de personnes meurent chaque année dans le monde parce qu’ils ne font… rien.

L’inactivité favorise aussi de nombreuses maladies communes. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le manque d’exercice est un facteur de risque de nombreuses maladies courantes non contagieuses. Ces maladies ont causé la mort de plus de 35 millions de personnes en 2005, soit 60 % de tous les décès à l’échelle mondiale.   
 
Le problème, en apparence si bénin, porte des conséquences tellement graves que l’OMS a décidé de s’attaquer à l’inactivité par l’élaboration de stratégies mondiales et nationales en matière d’alimentation, d’activité physique et de santé.

Il est important que le message soit compris, surtout au Canada, car nous allons dans la mauvaise direction. Un récent rapport de Statistique Canada a démontré que la pratique sportive était en déclin au pays, passant de 45 % qu’elle était en 1992 à 28 % en 2005. Cette tendance se manifeste de façon alarmante par la montée en flèche des taux d’obésité. Selon Statistique Canada, 14 % des Canadiens souffraient d’obésité en 1978-1979, contre 23 % en 2005. 

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Plus nous avançons dans la recherche, mieux nous comprenons l’importance capitale de l’activité physique pour tous les aspects de la santé. L’OMS déclare qu’il suffit de 30 minutes d’exercice modéré, 5 jours par semaine, pour non seulement améliorer la santé de l’appareil locomoteur, mais aussi réduire grandement les risques de maladie cardiaque, d’AVC, de diabète de type II, de cancer du colon et de cancer du sein.
 
Mais il subsiste encore beaucoup de questions. Bien que nous comprenions l’importance de l’exercice, nous saisissons encore mal les liens entre l’activité physique, la mobilité et la santé à tous les niveaux. Qu’est-ce qui dans l’exercice permet de prévenir et même d’inverser des processus pathologiques comme l’ostéoporose et l’arthrite? De quel genre de technologie avons-nous besoin pour aider les gens aux prises avec des difficultés physiques à récolter les bienfaits de l’exercice?
 
Pendant que les chercheurs tentent de répondre à ces questions pressantes, un fait demeure : le mouvement est bénéfique. Prenons par exemple les travaux de la Dre Heather McKay, chercheuse financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC). La Dre McKay a constaté que même une légère hausse de l’activité physique chez l’enfant peut renforcer considérablement ses os et contribuer au développement de sa masse osseuse. Elle a découvert qu’un exercice aussi banal que sauter cinq fois lorsque la cloche de l’école sonne – trois fois par jour – en augmentant à dix sauts sur une période de 16 mois, avait entraîné une croissance marquée de la masse osseuse. Cela est non seulement bon pour les enfants au moment de leur croissance, mais cela aidera à prévenir l’ostéoporose lorsqu’ils seront plus vieux.
 
Des recherches tout aussi importantes ont lieu sur le meilleur moyen de motiver les Canadiens à faire de l’exercice régulièrement. Une campagne traditionnelle discrète est-elle préférable à une approche plus agressive, comme celle des campagnes anti-tabac? Dire que l’inactivité physique est mortelle peut sembler trop dramatique, mais les premières alertes contre le tabagisme, les aliments gras et la conduite sans ceinture de sécurité ont aussi causé cette réaction.

En remportant des médailles à Pékin, le Canada prouvera qu’il fait partie de l’élite sportive mondiale. Mais en secouant leur léthargie, les Canadiens seront encore plus nombreux à jouir des prochains Jeux olympiques, et de toute leur vie.

L’auteure est directrice scientifique, Institut de l’appareil locomoteur et de l’arthrite, Instituts de recherche en santé du Canada

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