MONTRÉAL – Dès le lendemain (vendredi) de la divulgation du rapport Bouchard-Taylor sur les «accomodements raisonnables» avec les cultures issues de l’immigration, le gouvernement du Québec a fait publier dans les journaux un message du Premier ministre Jean Charest s’adressant aux étrangers venant s’installer au Québec.
Le texte est coiffé du titre: «Quand on choisit le Québec, on choisit aussi les Québécois et leurs valeurs». Sous une photographie du Premier ministre, suivent les phrases suivantes: «Le Québec est une nation par son histoire, sa langue, sa culture, son territoire et ses institutions. La nation du Québec a des valeurs. L’égalité entre les femmes et les hommes, la primauté du français et la séparation entre l’État et la religion font partie de ces valeurs fondamentales. Elles sont à prendre avec le Québec. Nous n’avons pas tous la même origine, pourtant nous avons la même destinée. Car nous sommes tous Québécois.»
La veille, M. Charest avait révélé les gestes qu’il entend poser pour faire suite aux recommandations des commissaires Gérard Bouchard et Charles Taylor (www.ccpardc.qc.ca). Dorénavant, les immigrants devront signer un document dans lequel ils s’engagent à respecter les valeurs communes de la majorité québécoise. À ce contrat d’intégration s’ajouteront des mesures de renforcement de la francisation.
La Commission Bouchard-Taylor recommande d’adopter un énoncé ou une déclaration sur «l’interculturalisme», par opposition au «multiculturalisme» canadien. Elle propose de n’interdire le port de signes religieux qu’aux agents de l’État qui incarnent l’autorité, comme les procureurs de la Couronne, les policiers et les gardiens de prison.
Les commissaires conseillent également d’adopter un livre blanc sur la laïcité, qui définirait la neutralité, la séparation de l’Église et de l’État, l’égalité morale entre les personnes et la liberté de conscience et de religion. On ne suggère pas de nouvelles balises aux demandes d’accomodement, estimant que celles-ci existent déjà dans les chartes, les lois et la jurisprudence qui ont établi des critères comme la contrainte excessive. Ils estiment que l’approche citoyenne et le cas par cas fonctionnent déjà bien.