Habitués aux louanges des médias américains et européens vantant Toronto pour sa sécurité, sa prospérité et surtout l’harmonie – peut-être unique au monde – dans laquelle vivent ses citoyens de toutes les couleurs, les cultures et les croyances, l’esclandre provoqué par Black Lives Matter à la parade gaie du 3 juillet en a fait tiquer plusieurs.
BLM, que l’organisation du festival LGBT avait pourtant spécialement invité, accuse la Pride de Toronto de ne pas être suffisamment «inclusive» et réclame qu’on y exclue le char allégorique de la police, qui serait traumatisant pour certains de ses membres.
C’est surréaliste: prétendre promouvoir l’inclusion (des Noirs) par l’exclusion (de la police)… dans la foulée d’excuses officielles présentées par le chef (noir) de la police de Toronto pour les persécutions passées contre les homosexuels!
BLM est un petit groupe (deux femmes et quelques amies) s’inspirant du mouvement américain de protestation contre les circonstances dans lesquelles des Noirs ont été abattus par des policiers blancs. Il s’est fait connaître chez nous en mars dernier en occupant pendant deux semaines le trottoir du quartier général de la police de Toronto.
BLM avait alors obtenu de la première ministre Kathleen Wynne la réouverture de l’enquête sur la mort d’Andrew Loku, un réfugié soudanais souffrant de problèmes mentaux, tué en juillet 2015 par un policier qu’il menaçait d’un marteau. D’aucuns croient que c’est l’indifférence de la Procureure générale Madeleine Meilleur, qui avait admis ne pas avoir lu le rapport de l’Unité des enquêtes spéciales exonérant la police, qui a précipité son départ de la scène politique en juin.
Mais depuis ce succès, le mouvement se cherche de l’ouvrage, les tueries de Noirs par des policiers blancs étant beaucoup plus rares au Canada, «meilleur pays au monde», qu’aux États-Unis. Sur ces dossiers, qui peut douter de la bonne foi et de la rectitude politique de nos dirigeants politiques, de Justin Trudeau à John Tory en passant par Kathleen Wynne?