Si le flegme et la tenue de Graham Fraser sont toujours irréprochables, le Commissaire aux langues officielles a su montrer la semaine dernière qu’il n’avait rien perdu de sa verve critique. Le dépôt de son rapport annuel au Parlement met en exergue les nombreux manquements du gouvernement Harper quant à ses obligations en matière de langues officielles, et le fait sans complaisance aucune.
«Le gouvernement continue d’appuyer en principe la dualité linguistique canadienne, mais cet appui ne se manifeste pas par une vision d’ensemble à l’égard des politiques gouvernementales et de la fonction publique.»
Manque de vision et d’action, leadership hésitant et incertain, les qualificatifs employés par Graham Fraser au sujet du gouvernement Harper en matière de langues officielles sont cinglants. Et le rapport déposé auprès du Parlement s’apparente presque à un recueil des recommandations effectuées par le commissaire au cours des derniers mois, tant les progrès réalisés par l’administration Harper s’avèrent faméliques.
La gestion de la mise en oeuvre du Plan d’action sur les langues officielles, arrivé à échéance le 31 mars dernier, reste notamment en travers de la gorge de Graham Fraser. Ce qui constitue l’épine dorsale du brûlot remis par le commissariat a pourtant fait l’objet de toutes les consultations et études nécessaires: «Depuis plusieurs mois, la ministre Verner et le premier ministre Harper ont en main le rapport sur les consultations entreprises sur le sujet, mais ils n’ont encore annoncé aucune mesure concrète. En fait, on se croirait dans une pièce de Samuel Beckett qui pourrait s’intituler En attendant le Plan d’action.»
Un manque de réactivité et d’action que l’on retrouve à une échelle plus large, déplore le commissaire, qui a enregistré «très peu de progrès dans plusieurs domaines d’activités. En fait, les données présentées dans [son] rapport indiquent que la situation de la langue de travail se serait même détériorée dans certaines institutions.»