Biden-Harris: la bonne affiche cette fois?

Joe Biden et Kamala Haris
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Publié 17/08/2020 par François Bergeron

On le dit tous les quatre ans, on l’a répété en 2016, mais en 2020 ce serait «encore plus vrai»: la campagne électorale en vue des élections de novembre aux États-Unis serait «la plus importante» depuis une génération, et la bataille s’annonce «épique».

Les grandes conventions des partis démocrate et républicain – comme les ralliements traditionnels dans les villes et villages – ont été limitées à leur plus simple expression pour ne pas aggraver la pandémie de CoViD-19.

La gestion erratique de la crise sanitaire par la Maison-Blanche et les bouleversements économiques qu’elle occasionne représentent déjà un enjeu majeur pour les électeurs, au-delà de la personnalité abrasive du président et des récentes tensions sociales et raciales.

Foudroyé par la CoViD-19

Jusqu’en février, Donald Trump pouvait compter sur une performance économique honorable, l’échec des enquêtes et des procédures en destitution, et même quelques succès sur la scène internationale, pour espérer l’emporter contre le vieux Joe Biden peu inspirant.

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Aujourd’hui, c’est un président affaibli, qui critique d’avance l’intégrité du vote et menace en termes à peine voilés de ne pas le reconnaître s’il est défait, qui fait face à l’ancien vice-président de Barack Obama, dont la campagne est galvanisée depuis une semaine par sa sélection de Kamala Harris comme colistière.

Joe Biden et Kamala Haris

Fille d’un père jamaïcain, prof d’économie à Stanford, et d’une mère indienne, éminente spécialiste du cancer du sein, et elle-même ayant toujours fait partie de l’élite, ce choix «stratégique» reste «problématique», pense un observateur de longue date de la politique américaine, le professeur de sciences des religions Norman Cornett.

Stratégique… et problématique

Stratégique parce qu’elle «équilibre» le tandem démocrate du fait qu’elle est une femme relativement jeune (55 ans) de la Californie, représentante de la nouvelle démographie du pays, aux côtés de Joe Biden (77 ans), un homme blanc originaire de la Nouvelle-Angleterre.

Problématique parce que Kamala Harris – encore plus que Joe Biden – est aux antipodes de l’Américain moyen, de ce «peuple» dont le président Trump parle le langage et prétend mieux représenter les intérêts, toujours avec le slogan Make America Great Again.

Les Démocrates alternent entre Battle for the Soul of the Nation et Build Back Better (avec des B comme dans Biden…).

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Donald Trump

Ah oui, Mike Pence…

Selon le professeur Cornett (montréalais d’origine texane qui reste en contact avec des collègues un peu partout aux États-Unis et dans le monde), elle est très intelligente et ne fera qu’une bouchée de Mike Pence dans le débat des candidats à la vice-présidence.

Pence joue un rôle jusqu’à maintenant très effacé dans la campagne républicaine, mais il sert surtout à mobiliser les conservateurs religieux, une base électorale aussi improbable qu’essentielle pour Trump.

Les Noirs et les Bruns

Kamala Harris sert aussi à mobiliser les électeurs noirs qui avaient soutenu massivement Barack Obama en 2008 et 2012, mais qui avaient déserté Hillary Clinton en nombre suffisant, dans certains états, pour lui coûter la victoire en 2016.

«Et qui sont les Américains les plus riches, qui votent plutôt républicain mais pourraient changer d’allégeance cette fois-ci?», demande le professeur Cornett. «Les Américains d’origine indienne comme la mère de Kamala Harris!»

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Kamala Harris a fait ses études secondaires à Montréal… enfin à Westmount.

Passé policier

Associée à l’aile «progressiste» des Démocrates au Sénat où elle ne siège que depuis deux ans, Kamala Harris a toutefois défendu des politiques de dure répression de la petite criminalité en tant que procureure générale de la Californie. Joe Biden aussi au cours de sa carrière au Congrès.

Norman Cornett

On devra expliquer ça aux amis de Black Lives Matter…

Les plus cyniques croient que ce passé «policier» de Biden et Harris leur permettra de conserver les électeurs effrayés par la violence des manifestations de l’été, qui seraient tentés de voter républicain pour restaurer «la loi et l’ordre».

Si on a retenu une seule leçon de la défaite de 2016 chez les Démocrates, c’est que chaque vote compte.

Pas de triomphalisme

Malgré les sondages favorables, les Démocrates évitent jusqu’à maintenant tout triomphalisme, qui les avait très mal servis en 2016.

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Le professeur Cornett craint que ça va jouer dur sur l’avant-scène et dans les coulisses de la politique américaine au cours les deux prochains mois.

Entre autres, croit-il, «il ne faut pas sous-estimer William Barr, le procureur général, qui est maintenant l’homme fort du régime Trump et qui possède beaucoup de renseignements compromettants sur tout le monde».

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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