À l’occasion du 200e anniversaire de la naissance du père de la théorie de l’évolution, le 12 février, l’Agence Science-Presse a demandé à des chercheurs d’imaginer une révolution similaire à sa théorie et susceptible de changer notre vision de la science. L’épigénétique pourrait être cette prochaine révolution des idées. Cette discipline, qui se penche sur les modifications transmissibles et réversibles de l’expression des gènes en fonction de l’environnement, constituerait un des fondements de la diversité biologique aussi importants que la théorie de Charles Darwin. La découverte de l’ADN et le développement de la génétique auront aussi, de l’avis de quelques chercheurs, un impact considérable dans la manière dont les scientifiques regardent la vie. Mais peut-être la révolution viendra-t-elle des sciences sociales comme le suggère l’un des scientifiques sondés…
Il existe au sein de la génétique une révolution en devenir qui va bouleverser la théorie de Darwin. Cette nouvelle science en émergence est l’impact de l’environnement sur l’expression génique. Depuis 2006, on se rend compte que des événements épigénétiques se transmettent d’une génération à l’autre. Cet impact semble prépondérant pour le développement de cancers. Mais pour le moment, l’aspect transmissible de l’épigénome est encore mal connu
— Claude Robert, Centre de recherche en biologie de la reproduction, Université Laval
Que l’environnement change l’expression des gènes est exceptionnellement important étant donnée la condition très déséquilibrée de notre environnement!
— Janice Bailey, département des sciences animales de l’Université Laval.
Si quelqu’un découvrait, dans la complexité grandissante de l’ADN, un code source qui indiquerait que la vie telle qu’on la connaît a été induite et n’est pas apparue par hasard sur Terre, disons que cela pourrait créer autant de remous que Darwin.
— Marc-André Sirard, Chaire du Canada en génomique animale, Université Laval
La découverte l’ADN et son développement ont révolutionné les sciences au moins autant que les idées de Darwin, en permettant notamment de suivre l’évolution des espèces à travers leurs gènes, mais aussi en permettant de faire avancer énormément nos connaissances en biologie. Mais l’avenir se situerait plutôt du côté des nanotechnologies. À la frontière de la physique, de la chimie et de la biologie, les nanotechnologies pourraient faire avancer la science en permettant de repousser les limites de nos connaissances grâce à la miniaturisation extrême et au développement de nouvelles propriétés des matériaux. Mais il est encore difficile d’en juger aujourd’hui, car nous ne sommes pas encore arrivés au stade des réalisations concrètes et majeures.
— François Berthod, Laboratoire d’organogenèse expérimentale, Université Laval