«Bescherelle ta mère»

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Publié 02/07/2014 par Martin Francoeur

Depuis quelques semaines, je suis accro d’un site web et d’une page Facebook aussi intéressants que rigolos. Le site et la page s’appellent «Bescherelle ta mère».

Sur Twitter, le compte est accessible via @Bescherelle. L’individu derrière cette idée devenue phénomène est en quelque sorte un justicier de l’orthographe sur les réseaux sociaux. Parfois vindicatif, souvent mordant, toujours pertinent. Et généralement très drôle.

Le compte Twitter @Bescherelle est apparu à la fin du mois de février. Aussi étonnant que cela puisse paraître, les éditions Hatier, qui publient le Beschrelle – un ouvrage de référence en matière de conjugaison, de grammaire et d’orthographe – n’avaient pas retenu l’identifiant @Bescherelle pour assurer une présence sur les réseaux sociaux.

Le type en question, un Français de 21 ans du nom de Sylvain Szewczyk, est un passionné d’orthographe. Et il est devenu une police linguistique des réseaux sociaux et des médias présents sur Internet.

Je suis de ceux que les fautes d’orthographe dans les messages Twitter ou sur Facebook horripilent. Mais je ne suis pas de ceux qui osent corriger les utilisateurs qui écrivent dans un français tronqué, abrégé ou carrément bourré de fautes. Le gars, lui, ne se gêne pas.

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Sa recette est simple. Avec un peu d’humour et beaucoup d’ironie, il répond aux utilisateurs qui commettent des fautes grossières.

Son fil Twitter et sa page Facebook sont remplis d’exemples de messages fautifs, de corrections incisives. Au fil des semaines, plusieurs abonnés à ses pages alimentent celles-ci, ce qui a eu pour effet de constituer un formidable répertoire des plus flagrantes bêtises orthographiques ou grammaticales.

Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il a évidemment attiré l’attention des éditions Hatier, qui ont voulu embaucher le jeune homme. Mais celui-ci a plutôt préféré l’offre d’une boîte de communication, où il travaille maintenant comme animateur de communauté web (community manager).

Il est, semble-t-il en bons termes avec Hatier, dont les représentants lui ont permis de continuer à utiliser le nom Bescherelle et le compte Twitter @Bescherelle, à condition d’être moins véhément dans ses interventions.

Qu’on se rassure, l’homme derrière «Bescherelle ta mère» est resté incisif et drôle.

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Consulter son fil Twitter ou sa page Facebook constitue une activité intéressante, un bon moment de détente et, parfois, une belle occasion d’apprendre quelque chose. Et de rire un bon coup.

En fait, les interventions de «Bescherelle ta mère», jumelées aux nombreuses suggestions des internautes qui fréquentent son site web, sa page Facebook ou son compte Twitter, permettent surtout de prendre conscience d’un phénomène inquiétant: le français est malmené sur les réseaux sociaux et dans les sites d’actualité de médias pourtant reconnus.

Certains médias notamment, lorsque pris en défaut par «Bescherelle ta mère», n’hésitent pas à corriger leur erreur et à renvoyer un message sur la page Facebook ou sur le fil Twitter.

Mais il y a des interactions plus acerbes, notamment par des ados qui n’en ont rien à cirer des moqueries de cette police orthographique et sympathique.

En trois mois seulement, le fil Twitter @Bescherelle a atteint 35 000 abonnés. La page Facebook «Bescherelle ta mère» compte plus de 135 000 mentions «J’aime». La page web www.bescherelletamere.fr est aussi très fréquentée.

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On s’étonne parfois du caractère grossier de certaines erreurs, surtout celles commises sur les sites d’actualité, notamment ceux des grands médias (journaux, radio ou télé). Quelques exemples? Une «recrue d’essence» de la violence en Ukraine… Des diplomates de l’Union européenne «se rencontrera» lundi… L’ultimatum de Kiev «a espiré»…

Il vaut parfois mieux en rire. Et se consoler en songeant que bien qu’elles soient parfois grossières, les erreurs ne sont pas la règle générale sur les sites des médias.

Dans les tweets des ados, toutefois, c’est une autre histoire…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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