Tout ce que Wadji Mouawad a dit, lors de son entrevue à Radio-Canada, vendredi dernier, est cruellement humain et déstabilisant.
L’homme de théâtre a tenté d’expliquer pourquoi il avait voulu intégrer le musicien Bertrand Cantat (meurtrier de sa conjointe Marie Trintignant en 2003) à la mise en scène de son spectacle Le Cycle des femmes, qui sera présenté au Théâtre du Nouveau Monde de Montréal. (Le TNM a cédé au tollé de protestations et annulé la participation de Cantat.)
Je me suis déjà prononcé en défaveur de la venue de Bertrand Cantat sur la scène du TNM. Mais l’homme a le droit de vivre et de prendre le temps de réfléchir à l’odieux de son geste. Il doit le faire dans le silence, loin des projecteurs.
Je suis en accord avec Wadji Mouawad quand il dit que Cantat ne peut être vu uniquement et à jamais comme celui qui aura tué Marie Trintignant. Cantat peut devenir autre chose, mais il semble bien que revenir en arrière à titre de musicien soit une entreprise hautement délicate pour lui et pour la société. Mais cet homme ne voit sans doute pas de salut hors de son métier.
Une chose est certaine, il ne doit pas devenir un symbole ni un prétexte pour renforcer le tragique de l’oeuvre de Sophocle.
J’ai moi-même participé en tant que comédien, en 1985, à une production théâtrale de la pièce Antigone de Sophocle justement. La mise en scène était de l’homme de théâtre québécois Larry Tremblay, professeur alors à l’UQAC. Les comédiens étaient au service du texte. Rien de superflu dans la mise en scène et rien d’ajouté pour épater la galerie.