Dans la liste des célébrations d’anniversaires auxquels l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) est associée en 2008 se trouve le 100e anniversaire de la mort d’Henri Becquerel, physicien français décédé le 25 août 1908 dans une petite ville du littoral atlantique français, Le Croisic.
Mais qui est exactement Henri Becquerel, dont le nom n’est sans doute pas aussi connu que celui de Pierre et Marie Curie, alors qu’il a pourtant obtenu le prix Nobel de physique de l’année 1903 «en récompense des services extraordinaires rendus par sa découverte de la radioactivité naturelle», tandis que les Curie l’obtenaient «pour leurs recherches communes sur les phénomènes de radiation découverts par le professeur Henri Becquerel»?
Et puisqu’il est question de radioactivité, on comprend de suite que sa découverte ait des retentissements jusqu’à nos jours, alors que le nucléaire envahit notre environnement, de manière positive ou négative, avec des centrales nucléaires, des réacteurs nucléaires propulsant des sous-marins ou des brise-glaces, la médecine nucléaire, des engins militaires destructeurs (bombes, obus) et d’autres applications. Et le nom de Becquerel est toujours d’actualité, puisqu’il se retrouve mentionné comme nom commun lors de la plupart des accidents nucléaires.
Mais comment Henri Becquerel en est-il arrivé là? Est-ce par accident, par chancre, par hasard comme on le dit parfois? C’est bien plutôt le résultat d’un travail de recherche qu’il faut replacer dans le contexte familial et scientifique de l’époque. Familial, car Henri Becquerel s’inscrit dans une filiation de physiciens, dont les travaux se complètent en quelque sorte de père en fils. C’est ce qu’explique son fils Jean: «Henri Becquerel, dans sa modestie, aimait à reporter le mérite de sa découverte sur son grand-père et sur son père: il disait que les découvertes qui s’étaient succédées depuis une cinquantaine d’années dans ce même laboratoire du Muséum [où avaient travaillé ces deux parents] formaient une chaîne qui devait nécessairement aboutir à la radioactivité.» (La Radioactivité, Paris, 1922, p. 8)
Cette citation provient d’un petit livre que vient de publier, aux éditions Belin, Loïc Barbo, Les Becquerel – Une dynastie de scientifiques (Paris, 143 p.). Ce livre, qui comporte de nombreuses illustrations et des encadrés explicatifs, est extrêmement intéressant pour faire la connaissance des Becquerel, une génération de quatre scientifiques, qui tiennent une place importante durant 150 ans d’histoire de la physique, et pour découvrir les développements de la physique durant cette période, et comment ce qui nous semble évident aujourd’hui, ne l’a pas toujours été.