Beautés cachées des chambres d’hôtel de Toronto

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Publié 08/04/2008 par Ulysse Gry

Les chambres d’hôtel de Toronto renferment bien des mystères. Froides, vides, ternes, elles sont pleines de beautés cachées. Une âme que parvient à capter Stefan Boudreault dans son projet de longue date No Tell, exposé gratuitement à l’Alliance française pendant un mois.

La singularité sort de l’anonymat. Stefan Boudreault, Montréalais débarqué à Toronto il y a trois ans et demi «pour vivre le changement», nous livre un témoignage de l’âme de la Ville-Reine: dans l’obscurité de quelconques chambres d’hôtel, vit ce qu’il appelle «une partie de notre identité urbaine».

Un coup de projecteur original sur l’ombre de la cité, qui questionnait plus d’un visiteur lors du vernissage ce vendredi 4 avril. C’est que le photographe nous fait admirer ce qu’on ne voit déjà plus, la beauté du vétuste et la force de caractère de l’ordinaire. Dans l’entrebâillement d’une porte, dans les quelques plis d’un vieux drap délavé, se cache l’essence de la ville. Ces espaces sont pour le photographe une particularité de Toronto, «où il y a beaucoup de pauvreté». 

«Je me promenais sur la rue King, raconte-t-il, quand j’ai croisé un monsieur assez saoûl qui sortait d’un vieil hôtel. La curiosité m’a poussé à y rentrer, et là j’ai compris tout de suite: j’avais trouvé mon prochain projet.» Il s’agit de capter l’énergie qui sommeille dans ces chambres, «de donner à voir ce monde que peu de gens veulent connaître».

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À travers l’objectif, on se délecte du faible halo de lumière qui passe entre des stores jaunis, ou de la banalité superbe d’un seau rouge sur le rebord d’une baignoire crasseuse. L’artiste joue sur la lumière et les contrastes, mais préserve l’authenticité de ces atmosphères de néant. «Je voulais éviter de tomber dans la critique, faire quelque chose de plus honnête, comme un documentaire. Le projet est une balance constante entre la sérénité et le vulgaire.»

Né à Montréal, Stefan Boudreault est diplômé du Dawson Institute of Commercial Photography, et a commencé sa carrière en 2001. Arrivé à Toronto en 2005 il se consacre à capturer et rendre l’âme des motels torontois.

«Je vois ça comme un témoignage de cette identité, ajoute-t-il. Ce qui est important à Toronto, car tout change si vite, on ne sait pas ce qui peut arriver.» Dans une telle instabilité, l’exposition No Tell à l’Alliance française, une première pour l’artiste à Toronto, est à découvrir au plus vite.

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