Bangkok, une capitale du tourisme médical

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Publié 20/02/2007 par Benoit Legault

Bienvenue à Bangkok, capitale mondiale d’une tendance lourde: le tourisme médical. Partout en Occident, les patients sont frustrés. Les soins sont trop chers aux États-Unis et les attentes sont trop longues en Europe et au Canada. L’Asie, beaucoup moins chère et désormais tout aussi avancée techniquement prend la relève depuis 10 ans.

La Thaïlande fait du tourisme médical un business gigantesque qui grandi au rythme de l’arrivée des baby-boomers dans le 3e âge. Depuis quelques années, le tourisme médical thaïlandais augmente de 20 % par an selon le Thailand Tourism Authority. La croissance ne se terminera qu’avec la fin de la génération des baby-boomers. En 2006, plus de 1,5 million de patients étrangers se sont faits soigner en Thaïlande, dont quelque 30 000 Canadiens.

Système à une vitesse: rapide

En Thaïlande, le système de santé pour les étrangers est à une vitesse: rapide. C’est un système entièrement privé, basé sur l’efficacité et la satisfaction des clients/patients. Les deux grands compétiteurs du système de santé thaïlandais pour le titre de Medical Hub of Asia sont Singapour – plus cher – et l’Inde – moins rassurant.

À Bangkok, il n’y a pas d’attente pour n’importe quel examen médical et rarement plus de deux semaines d’attente pour une opération ou une intervention médicale majeure. Besoin d’un genou ou d’une hanche? Quelques milliers de dollars et voilà, c’est fait. L’opération sera effectuée dans les meilleures conditions par des médecins formés pour la plupart aux États-Unis. Toutes les procédures seront enregistrées sur un disque compact qui servira de référence aux médecins canadiens. Oui, il y a des services en français quoique l’anglais s’avère la langue d’usage habituelle.

Un anti-sceptique de 50 ans

Sceptique? J’ai rencontré en Thaïlande, par hasard, un Américain de 50 ans, Tom Radigan, qui a survécu à une crise cardiaque l’an dernier à Chiang Mai, 2e ville du pays et centre touristique majeur: «J’ai été extrêmement impressionné par les traitements. Au retour, j’ai apporté le CD des procédures médicales à la grande clinique cardiaque de Cleveland (Ohio). Les spécialistes là-bas m’ont dit que tout a été fait dans les règles de l’art.»

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Tom Radigan n’a toutefois pas été impressionné par le service ambulancier. «L’ambulance était vieille, la conduite du chauffeur faisait peur et les autres conducteurs ne le laissaient pas passer», a-t-il expliqué.

La Thaïlande n’est donc pas un paradis de la santé. Outre les ambulanciers mal formés, il y a un problème de médicaments trafiqués et d’hôpitaux surpeuplés. Par contre, les patients de l’étranger ne voient rien de cela. Ils vont dans les hôpitaux privés les plus réputés, comme le Bangkok Hospital ou le Bumrungrad International, des hôpitaux que seuls les Thaïlandais fortunés peuvent se permettre, mais qui sont très abordables pour les Occidentaux.

Le plus chic des hôpitaux chics

Dans le lobby du Bangkok Hospital, le plus chic des hôpitaux chics, des films sont projetés sur de grands écrans au plasma et de petits massages sont proposés. De mignonnes infirmières (être jolie est un des critères d’embauche, et avoir complété 4 ans d’études post-secondaires en sciences infirmières est un pré-requis) déambulent avec grâce, sourire aux lèvres.

Le Bangkok Hospital compte une infirmière pour quatre patients qui obtiennent donc beaucoup d’attention. J’ai passé un examen médical annuel à cet hôpital (pour 75 $). L’attente a été de moins de 15 minutes et j’ai reçu une partie des résultats en moins d’une heure. Le personnel était à la fois gentil et professionnel. L’environnement propre et moderne, et de très haute technologie, inspirait confiance.

Néanmoins, c’est l’énorme hôpital Bumrungrad International qui a mis Bangkok sur la carte des grands centres médicaux internationaux. Outre les techniques hospitalières de pointe, le Bumrungrad International fait beaucoup de marketing média.

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L’émission 60 Minutes et le magazine Time des États-Unis ont fait le portrait du Bumrungrad International comme une alternative viable, voire souhaitable, aux hôpitaux américains. La marque Bumrungrad International disposera bientôt de 15 grands centres hospitaliers affiliés en Asie, dans des pays aux situations aussi variées que les Émirats Arabes Unis et le Cambodge.

Partout, la recette demeurera la même: priorisation de la médecine spécialisée, technologie de pointe, agrément auprès d’organismes internationaux (comme la Joint Commission International of Accreditation), gestion à l’américaine par des individus triés sur le volet et souvent formés aux États-Unis, regroupement de tous les services sous le même toit, disponibilité de services connexes et attention personnalisée accordée aux patients.

La compagnie Bumrungrad International est cotée en bourse. C’est un modèle d’entreprise commerciale rentable. Plusieurs multinationales veulent s’associer à son image de marque…

Aval gouvernemental

Le tourisme médical est aussi constitué des périodes de récupération qui suivent les interventions médicales. «Les touristes médicaux séjournent parfois longtemps en Thaïlande et font d’autres formes de tourisme, cela leur permet aussi d’apprécier et de comprendre la mode de vie thaïlandais basé sur la bouddhisme, et donc sur la méditation et l’approfondissement de la pensée», expliquait à L’Express le Dr Tanin Sonthiruk, haut fonctionnaire du ministère thaïlandais de la Santé. Le Dr Sonthiruk est gérontologue.

La Thaïlande soigne les Occidentaux à l’occidentale, dans des grands hôpitaux, et on prodigue aussi dans ce pays des soins thaïlandais traditionnels (très proches de la médecine chinoise), sans oublier les célèbres massages thérapeutiques thaïlandais (beaucoup d’Occidentaux suivent de cours de massages traditionnels à l’école du temple Watpo).

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On trouve aussi des spas médicaux (le plus connu est dans le St. Carlos Medical Centre) qui constituent une autre fusion médico-culturelle – des médecins formés à l’occidentale et à l’orientale établissent conjointement des soins alternatifs, notamment pour les patients désespérés qui ont déjà tout essayé, sans succès.

Références

• Bumrumgrad International – bumrungrad.com
• Bangkok Hospital – bangkokinternationalhospital.com
• Spa médical St. Carlos – stcarlos.com
• École de massage Watpo – watpomassage.com
• Thailand Tourism Authority – tourismthailand.org

Le voyage de notre journaliste a été payé par l’ambassade de Thaïlande au Canada.

Auteur

  • Benoit Legault

    Journaliste touristique basé à Montréal. Collaborateur régulier au Devoir et à l-express.ca. Responsable de la rédaction de guides Ulysse. Benoit Legault a remporté plusieurs prix de rédaction touristique. Il adore l'Ontario et ses Grands Lacs.

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