L’empire de Sumer, au sein duquel notre espèce apprit à écrire, brasser de la bière, et cuire du pain, offrait une mise en garde urgente à tous ses sujets: celle de ne surtout pas céder à la tentation de croire, ne serait-ce qu’un court instant, qu’il y a un au-delà plus désirable que ce moment précis que nous avons la brève joie de subir consciemment.
C’est de l’Égypte que nous avons hérité nos notions culturelles d’un voyage de l’âme. La nature illusoire de cette odyssée est soulignée par le fait que notre destin dans un monde pur et sans tache y est toujours dépendant de notre comportement dans un monde d’iniquité, censément régi par les forces du mal.
De là, il n’y a qu’un pas à faire pour créer l’esclavage et toutes les formes d’endettement, tous les bonheurs différés pour la promesse d’un bonheur plus grand.
Vivre pour un moment autre que celui-ci, un moment par définition impossible, car il n’y a finalement que celui-ci, est depuis lors le symptôme le plus caractéristique de cette maladie qui nous fait sacrifier notre vie si fragile et si éphémère pour la plus pure des illusions de gain.
Le message se tord du tympan au cerveau
C’est la pratique de l’exhumation des os de la dépouille mortelle (après le travail de décomposition des petits charognards de dernier recours vivant dans le sol) qui est à l’origine de la narrative depuis lors si tordue de la résurrection corporelle, la même relatée par Saint-Paul et ses co-religionnaires.