Dans son édito vidéo sur l’Express.fr relatif à la guerre au Proche-Orient opposant Israël au Hezbollah avec pour principale victime directe le Liban et le peuple libanais, Denis Jeambar commence par déplorer l’atrocité de cette guerre et son cortège de morts et de destructions. On ne le serait à moins.
Puis, se lançant dans un vibrant plaidoyer, il affirme qu’Israël doit gagner cette guerre. Mentionnant au passage Ben Gourion qui disait que la dernière guerre d’Israël serait celle qu’elle perdrait, l’éditorialiste avance que la défaite d’Israël ouvrirait la porte à un islamisme conquérant, si ce n’est fasciste et sonnerait le glas de la seule démocratie existante avec la République indienne des rivages de la Méditerranée aux rives du Pacifique.
Il faudrait que M. Jeambar apprenne que le fait d’être une démocratie ne constitue en aucun cas une justification pour mener une guerre contre un État voisin en prétextant vouloir en éradiquer un parti (non majoritaire) lui étant hostile, tuer des civils, bombarder des immeubles, des infrastructures et effectuer un blocus terrestre et maritime. Non, être un État démocratique n’est pas une justification!
D’ailleurs, il faudrait rappeler à M. Jeambar qu’il existait une autre démocratie dans la région: le Liban. Il aura fallu pour détruire cette démocratie 25 ans de guerre civile, suscitée si ce n’est attisée par les tensions internationales et régionales, la guerre froide et les luttes d’influences, le conflit israélo-palestinien – la guerre des 6 jours ayant poussé nombre de Palestiniens à s’installer au Liban – puis l’intervention syrienne à la demande des Chrétiens du Liban et l’occupation israélienne du Sud-Liban.
Pourtant, malgré la tutelle de la Syrie sur un gouvernement, la perte de souveraineté sur le sud de son territoire par Israël appuyé par les mercenaires de l’armée du Sud-Liban, l’émergence du Hezbollah installé par l’Iran après la révolution islamique, les germes de la démocratie ne se sont jamais éteints dans ce pays meurtri. Une étincelle aura suffi à leur permettre d‘éclore, le lâche attentat contre Rafic Hariri.