Aucun poids au bilinguisme des candidats à la magistrature!

Cour supérieure

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Publié 21/06/2011 par Gérard Lévesque

Le Rapport final d’enquête sur la capacité bilingue institutionnelle de la magistrature des cours supérieures de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario a été remis ce mois-ci par le Commissaire aux langues officielles Graham Fraser aux organismes préoccupés par l’accès à la justice dans les deux langues officielles devant les cours supérieures des provinces et des territoires. Ce rapport a été préparé à la suite de plaintes envoyées en 2005 et 2007 à Dyane Adam, alors Commissaire aux langues officielles, au sujet d’un nombre insuffisant de juges bilingues en Nouvelle-Écosse et en Ontario.

Le document souligne avec à-propos le problème qu’aucun poids spécifique n’est donné au bilinguisme des candidats à la magistrature. Compte tenu que le Canada compte huit juridictions adoptant des lois dont la version française et la version anglaise ont valeur égale, il m’apparaît inacceptable de continuer à n’accorder aucun poids spécifique au bilinguisme des candidats à la magistrature.

Si deux juristes sont candidats à un poste de juge de notre Cour supérieure et que l’un est unilingue alors que l’autre est bilingue, il est évident que le bilinguisme d’un candidat fait partie de sa compétence et doit être pris en considération même s’il s’agit de doter un poste de juge dans une région non désignée pour entendre des causes civiles dans les deux langues.

Le fait de pouvoir accéder sans interprète ou traducteur aux lois et à la jurisprudence rédigées dans l’une et l’autre des deux langues officielles des tribunaux de l’Ontario rend nécessairement plus polyvalent, plus efficace, le juge qui est bilingue.

Les personnes qui ont occupé le poste de ministre de la Justice du Canada et les fonctionnaires fédéraux et provinciaux ont indiqué qu’ils s’en remettent aux avis du juge en chef de la Cour supérieure de justice de l’Ontario pour déterminer s’il y a suffisamment de juges bilingues.

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Je pense que, pour être en mesure d’aviser adéquatement le ministre de la Justice du Canada et le Procureur général de l’Ontario pour toutes questions reliées à l’accès à la justice dans les deux langues officielles des tribunaux de l’Ontario, la juge en chef de notre Cour supérieure de justice, Heather Smith, devrait étudier la possibilité de créer au sein de son personnel, à temps partiel ou à temps plein, un poste de conseiller à l’accès à la justice dans les deux langues officielles.

Peut-être que le Comité consultatif de la magistrature et du barreau sur les services en français, mis en place par le procureur général de l’Ontario et dont la co-présidence est assumée par le juge Paul Rouleau et Me Paul Le Vay, voudra étudier cette suggestion. Il nous faut une démarche proactive pour évaluer la capacité linguistique de notre Cour supérieure et pour déterminer, de façon régulière, si celle-ci a une capacité linguistique suffisante pour répondre aux besoins des justiciables.

Entre temps, nous sommes redevables aux personnes qui, comme Agnès Whitfield, n’hésitent pas à faire connaître les lacunes du présent système. Le 4 avril dernier, elle s’est fait refuser un procès en français à Peterborough. Dans son cas, elle a eu affaire à un juge qui, de toute évidence, ne savait que le français est une des deux langues officielles de nos tribunaux. Ce juge pensait que le droit à l’utilisation du français était un droit à l’interprète et que la partie qui voulait utiliser le français devait faire les arrangements nécessaires pour fournir l’interprétation!

Rapport sur la capacité bilingue de la magistrature des cours supérieures de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario:
http://documentationcapitale.ca/index.cfm?Repertoire_No=-751102913&voir=centre_detail&Id=4575

La capacité bilingue de la Cour supérieure: 
www.lexpress.to/archives/5887

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Le droit à l’utilisation du français devant les tribunaux des régions non désignées:
www.lexpress.to/archives/4922

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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