Au nom du Père… Vox Pop sur l’élimination de la prière à Queen’s Park

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Publié 20/05/2008 par Aline Noguès

Faut-il se débarasser du Notre Père prononcé lors de l’ouverture des travaux quotidiens à Queen’s Park?

En février dernier, le Premier ministre Dalton Mc Guinty lance un pavé dans la mare en déclarant que le Notre Père n’a plus sa place dans le parlement d’une province peuplée de tant de communautés différentes. Il prône plutôt la lecture d’un texte plus inclusif.

Mais les Conservateurs, attachés au Notre Père, s’opposent farouchement à son retrait. Deux mois plus tard, un comité parlementaire est mis sur pied, destiné à écouter les doléances des citoyens et à se prononcer sur la question. Plutôt que de prendre clairement position, le Nouveau parti démocrate (NPD) s’en remet à ce comité.

Le débat a connu un nouveau rebondissement ces jours derniers avec la proposition du leader de l’opposition à l’Assemblée législative, le conservateur Bob Runciman, d’ajouter au Notre Père des prières issues de différentes religions.

Il demande aussi au Premier ministre d’organiser un vote libre à Queen’s Park afin que chaque député puisse s’exprimer… en son âme et conscience. Qu’en pense-t-on dans les chaumières? Petit tour d’horizon…

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Jean-Luc Bernard, directeur de l’éducation au Conseil scolaire de district du Centre-Sud-Ouest:

«Le plus simple est de supprimer cette prière, cela permettrait de mieux respecter la diversité religieuse de la population ontarienne. Et c’est ce respect que l’on enseigne à nos élèves. Ajouter de nouvelles prières ne ferait qu’ajouter des problèmes.»

Adrien Lamoureux, président du Conseil scolaire de district catholique Centre-Sud:

«Je pense qu’il faut garder le Notre Père qui est déjà très inclusif, puisqu’il concerne tous les Chrétiens. Par ailleurs, il serait bon de trouver une façon d’ajouter des prières d’autres religions, de manière à répondre aux aspirations de tout le monde. Prononcer ces prières en alternance pourrait être une solution.»

Ian Roberge, professeur au sein du département de science politique du collège Glendon:

«Le débat est légitime et touche quelquechose de sensible. Pour les catholiques, cette prière est importante, pour les traditionalistes, il faut maintenir la tradition, pour d’autres, les temps ont changé et garder une telle prière est dépassé. Ces argumentations se défendent.

Mais deux choses m’interpellent. Pourquoi les Libéraux s’intéressent-ils maintenant à cette question, quand des milliers de gens perdent leur emploi, quand de nombreux défis sont soulevés au niveau des municipalités ou encore quand des dossiers environnementaux importants mériteraient plus d’attention? Le gouvernement libéral n’a-t-il rien de consistant à proposer sur tous ces sujets?

Quant à la proposition des Conservateurs d’ajouter des prières d’autres religions, je la trouve difficilement défendable: où s’arrêter? La frontière est floue.»

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Père Paul-Émile Leduc, paroisse francophone du Sacré-Coeur, archidiocèse de Toronto:

«Je constate qu’il est de plus en plus question de nos jours d’éliminer les signes religieux, mais c’est mauvais. Après tout, cette prière à Queen’s Park ne fait de tort à personne et comme le Notre Père montre une croyance en un dieu unique, je pense qu’il peut rejoindre beaucoup de gens.»

Mohamed Smyej, président de l’Association marocaine de Toronto mais s’exprimant ici en son nom propre:

«Ma position politique en général est que les références religieuses ne doivent en aucun cas avoir leur place dans les institutions politiques. Dans un pays comme le Canada où la diversité est une réalité vécue au quotidien, il est beaucoup plus pratique de n’avoir aucune référence religieuse que d’en inclure d’autres puisque la question immédiate qui va se poser est la suivante: «quelles autres?».

Doit-on ajouter les références qui ont une présence médiatique ou qui sont appuyées par un vote populaire, doit-on organiser une consultation pour déterminer quelles références sont plus populaires que d’autres?

Au cours de ce processus et de ce débat stérile, les vrais problèmes de santé, d’emploi et d’éducation reculent sur la liste des priorités.»

Len Rudner, directeur de la section ontarienne
du Congrès juif canadien:

«Le Notre Père est une prière clé du christianisme. Mais puisque le Canada est désormais peuplé d’individus de diverses fois ou athées, il est normal de s’interroger sur la légitimité du Notre Père dans une enceinte parlementaire.

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Selon nous, l’approche la plus respectueuse pour les Ontariens serait de lire chaque jour une prière différente, issue d’une religion différente. Pour les athées, il pourrait s’agir d’un simple moment de réflexion. En tout cas, le débat mérite d’être mené.»

Marcel Grimard, président de l’Association des communautés francophones de l’Ontario
(ACFO-Toronto):

«Je pense qu’il faut supprimer le Notre Père et le remplacer par un moment de réflexion pendant lequel chacun fera une prière selon ses propres convictions… ou n’en fera pas pour les athées. La société ontarienne est désormais multiconfessionnelle et le Parlement est là pour représenter tous les citoyens, quelles que soient leurs convictions.»

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