Dans le dossier du gaz de schiste, les Québécois ont bien aimé étriller leurs politiciens, et ceux-ci n’ont pas toujours contribué à redorer leur image. Mais il faudra, à un moment donné, s’interroger sur le Québécois lui-même: jusqu’où est-il prêt à aller dans une — hypothétique — transition vers des énergies moins polluantes?
C’est là ce que les penseurs appellent une question d’éthique sociale. Et l’éthique, «c’est la recherche de cohérence», est venu expliquer Pierre-Olivier Pineau, professeur aux HEC Montréal, dans le cadre d’une table ronde sur «Les enjeux éthiques du gaz de schiste» organisée récemment à Montréal. La cohérence, dans ce cas-ci, ça pourrait être celle du discours : par exemple, une société qui se prononce contre toute forme d’énergie polluante ne devrait-elle pas agir en conséquence?
Lucie Sauvé, spécialiste de l’éducation relative à l’environnement à l’UQAM — et résidente de Saint-Marc-sur-Richelieu, ville située sur le premier front du gaz de schiste — y voit une occasion pour apprendre «à penser en terme d’intérêt collectif plutôt qu’individuel». Et à ce titre, la « dynamique citoyenne » qui s’est développée dans ce débat depuis deux mois pourrait être, à ses yeux, une opportunité à saisir pour amorcer une transition vers des sources d’énergie alternatives.
Mais encore faut-il que le citoyen soit prêt à suivre. Tout n’est pas toujours de la faute aux politiciens, a rappelé Pierre-Olivier Pineau. Si la population n’y met pas la pression nécessaire, pourquoi un gouvernement changerait-il de direction? Il faut se demander, philosophe Daniel Weinstock, du département de philosophie de l’Université de Montréal, «si nos pratiques sont à la hauteur de ce que nous exigeons de nos politiciens».