Attentats du 13 novembre 2015: méga-procès de 20 complices à Paris

Attentats, 13 novembre 2015, procès
Le Palais de justice de Paris. Photo: Joe Shlabotnik, CC Search
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Publié 14/09/2021 par Clément Lechat

C’était il y a près de six ans. Le procès des attentats du 13 novembre 2015 s’est ouvert mercredi 8 septembre devant la cour d’assises spéciale de Paris, sur l’Île de la Cité, en plein cœur de la capitale française.

Sur les 20 accusés, 11 ont pris place dans le box vitré ultrasécurisé de la salle d’audience. Trois comparaissent libres, tandis que six autres manquent à l’appel et seront donc jugés «par défaut». L’un d’eux purge une peine pour terrorisme en Turquie, et cinq sont présumés morts en Syrie et en Irak.

Salah Abdeslam, la figure principale du procès, est le seul des 10 djihadistes du 13 novembre encore en vie. Il avait fini par abandonner sa ceinture explosive avant d’être exfiltré vers Bruxelles par trois complices, où il fut arrêté quatre mois plus tard.

Les membres de ces commandos terroristes avaient fait 130 morts et des centaines de blessés lors d’attaques-suicides et de fusillades.

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Hommages devant le Bataclan le 14 novembre 2015. Principal théâtre des attentats, le Bataclan est redevenu une salle de spectacle. Photo: Gérard Colombat, CC Search

Salah Abdeslam et 11 de ses complices présumés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

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Fourniture de faux papiers, location de voitures et de planques, convoyage des commandos, achats d’armes et fabrication d’explosifs… Le degré d’implication dans les attentats diffère selon les accusés.

Les autres accusés encourent des peines moins longues, entre 20 et 6 ans, car il n’a pas été démontré qu’ils étaient au courant du projet des terroristes.

La mémoire des attentats

Historique, ce procès l’est par son poids émotionnel. Jamais la France n’avait dénombré autant de morts sur son sol depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le bruit des explosions aux abords du Stade de France en direct à la télévision. Le nom des bars et des restaurants des 10e et 11e arrondissements. Les informations qui affluent en temps réel sur les réseaux sociaux. L’attente et l’angoisse des proches.

Et, au bout du parcours sanglant des terroristes, la prise d’otages du Bataclan et ses 90 victimes… Les évènements sont encore vifs dans la mémoire des Français.

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À Copenhague, Barcelone, ou encore Tel-Aviv, les tueries avaient suscité une vague d’indignation internationale. Comme à Toronto où des manifestants avaient manifesté leur solidarité depuis la place de l’hôtel de ville.

Rassemblement le 14 novembre 2015 en face de l’hôtel de ville de Toronto en solidarité avec les Français suite aux attentats meurtriers de la veille à Paris. Photo: Nathalie Prézeau

Procès titanesque

Ce procès est d’une ampleur sans précédent dans l’histoire judiciaire française. 53 mètres linéaires : La taille du dossier d’instruction en dit long sur les défis qu’il pose à la justice.

Premier témoin cité à l’audience, un haut gradé de la police antiterroriste, gardant l’anonymat, est d’abord revenu sur cette «enquête totale», longue et complexe, qui en quatre ans et demi a permis d’identifier: «L’ensemble des auteurs, leurs complices et le commanditaire». Mille enquêteurs ont travaillé sur l’affaire, auditionnant pas moins de 2259 témoins.

Du côté de la logistique, aucune salle d’audience n’était en mesure d’accueillir les 330 avocats, les centaines de journalistes et les 1800 parties civiles. Par conséquent, la salle «Grand Procès», une salle ultramoderne et éphémère de 550 places, a été construite au sein de l’historique Palais de justice de Paris.

Elle servira à nouveau pour le procès de l’attentat de Nice du 14 juillet 2016.

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En outre, le procès est retransmis en direct sur des écrans dans 14 salles annexes, soit 2000 places supplémentaires.

D’autre part, une solution inédite a été retenue pour celles et ceux qui ne peuvent pas se rendre à l’audience. Une webradio retransmet le procès avec 30 minutes de décalage via un accès sécurisé sur internet.

Le premier jour a cependant été émaillé par des incidents techniques. Toutes les parties civiles qui le souhaitait n’ont pas pu vivre le procès à distance.

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La salle d’audience «Grand procès» du Palais de justice de Paris mesure 45 mètres de long. Photo: ministère français de la Justice

Un procès pour l’histoire

Au vu de son importance, le procès des attentats du 13 novembre sera exceptionnellement filmé dans son intégralité au titre des archives nationales de la justice. Une décision rarissime autorisée depuis une loi de 1985. Ce procès rejoint par exemple celui des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, lui aussi filmé.

Certains témoignages sont particulièrement attendus, par exemple ceux des responsables politiques de l’époque, comme l’ancien président de la République François Hollande, ou le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

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Les juges devraient prononcer leur verdict d’ici mai 2022.

Pour les survivants et les proches des victimes, ce procès rouvre des plaies qui n’étaient pas tout à fait refermées. Néanmoins, il apportera peut-être des réponses aux dernières zones d’ombres qui entourent la nuit du 13 au 14 septembre 2015.

Cent quarante journées d’audience sont prévues pour établir les responsabilités de chaque protagoniste lors de ce procès d’assises qui devrait durer neuf mois. Il deviendra ainsi le plus long de l’histoire judiciaire française de l’après-guerre.

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