L’hiver est sur le point de faire officiellement son arrivée. Mais dans la réalité de notre nez, de nos doigts, de nos oreilles, de nos pieds, on peut dire sans trop se tromper qu’il est déjà installé. Sournoisement, peut-être, mais tout de même bel et bien là. Quand une couche de neige recouvre le sol sans vouloir fondre dans les jours qui suivent, quand le mercure se promène jusqu’en dessous de zéro, quand les décorations de Noël font leur apparition et que les centres de ski commencent à ouvrir leurs pentes aux skieurs, il n’y a plus de place pour le doute.
Après tout, le solstice d’hiver n’est qu’un moment. Le climat, lui, s’hivernise bien avant le 20 ou le 21 décembre. Il est alors temps, Canadiens que nous sommes, de sortir l’artillerie lourde: manteaux doublés, chaussons de laine, foulards, tuques et mitaines! Pour bien des peuples, confor-tablement installés à quelques dizaines de degrés de latitude plus au sud, ces vêtements ne sont peut-être même pas connus. Mais nous avons la chance d’avoir une garde-robe pour se couvrir aussi bien à 35 degrés Celsius qu’à moins 35…
De ces vêtements hivernaux, la tuque et la mitaine sont peut-être les plus intéressants. Non pas en ce qui a trait à leur fonction ou à leur confection, mais bien en tant que mots de notre vocabulaire français. Pourquoi? Parce qu’ils sont bien de chez nous. Et ils ont droit de cité dans les dictionnaires, quelque académiques soient-ils.
La mitaine, d’abord… Le Robert nous dit que le mot vient peut-être de «mite», ce petit papillon dont la larve ronge les étoffes de laine et les fourrures. On suggère aussi une autre hypothèse: celle selon laquelle le mot viendrait de «mite», un mot que l’on associe au chat (chattemite, mistigri, marmite…). Mais c’est la première origine qui semble la plus partagée, notamment par plusieurs ouvrages portant sur les canadianismes. Le Robert nous dit d’ailleurs que le mot «mitaine» est soit vieilli, soit un régionalisme propre au Canada. Il a alors le sens de «moufle», que l’on n’emploie pas chez nous.
Pour les Français et les Européens francophones, «mitaine» désigne plutôt un gant qui laisse à découvert les deux dernières phalanges des doigts. Ici, c’est un «gant qui couvre tous les doigts ensemble, sauf le pouce», comme l’indique Lionel Meney dans son Dictionnaire français québécois.