Après les collections, les phobies

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Publié 08/04/2008 par Martin Francoeur

Un lecteur me faisait remarquer, à la suite de la parution de ma chronique sur les néologismes formés pour désigner différents types de collections et de collectionneurs, qu’il existait aussi une kyrielle de noms aussi étonnants pour désigner les phobies ou les peurs de toutes sortes. Et il a drôlement raison.

Un peu comme c’est le cas pour les collections et les collectionneurs, des individus ont créé des mots pour désigner certaines peurs maladives ou certaines formes d’aversion envers des objets, des situations ou des individus. Les dictionnaires en reconnaissent déjà quelques-unes, comme la xénophobie, qui désigne la peur des étrangers, l’arachnophobie, qui est la peur des araignées, ou la claustrophobie, qui est la crainte des endroits clos.

Au nombre des phobies les plus connues, on note aussi l’agoraphobie, qui désigne la peur des grands espaces où se rassemblent des foules. On trouve aussi la zoophobie, qui est la peur des animaux, l’hydrophobie, qui est la peur de l’eau, et la thanatophobie, qui désigne la peur de la mort.

Jusque-là, ça va plutôt bien. Les racines grecques de ces mots sont assez connues et permettent de faire rapidement référence à d’autres mots qui sont formés à partir de certains de ces éléments. Sur le plan étymologique, on peut déduire que la thanatophobie fait référence à la mort quand on pense aux thanatologues. On peut se douter que l’hématophobie est la peur du sang en ayant en tête des mots comme hématome, hématologie ou hémorragie.

Pour les phobies moins courantes, moins connues ou non encore inscrites dans les dictionnaires usuels, le même raisonnement peut s’appliquer.

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Parfois, il faut chercher un peu plus. Comme lorsqu’on arrive devant le mot leucosélophobie, qui désigne la peur de la page blanche. La racine leuco fait référence à la couleur de la page, elle-même désignée par la particule sélo.

Si de tels mots ne sont pas courants, on peut au moins saluer l’effort de composition étymologique. Certains sites web dressent des listes de phobies très intéressantes. On a pensé à tout. Trop même.

On se dit parfois que la peur de l’huile (élaïonophobie) ne doit pas être très courante. Pas plus que la peur des légumes (lachanophobie). On peut ne pas aimer certains légumes, mais de là à en développer une peur…

Beaucoup d’animaux provoquent chez certaines personnes des sentiments de peur ou de crainte. On pourrait parler de la cynophobie, qui désigne la peur des chiens. Ou encore de l’ailurophobie, qui désigne celle des chats. On peut aussi avoir peur des serpents (erpétophobie), des oiseaux (ornithophobie) ou des souris (musophobie).

Les maladies ou les états sont aussi des sources de craintes. En général, la peur des maladies peut se traduire par la nosophobie. On trouve aussi l’aupniaphobie (peur de l’insomnie), l’algophobie (peur de la douleur), la cancérophobie (peur du cancer), de même que la dysmorphophobie (peur des anomalies anatomiques).

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Certains malaises sont aussi traduits par des phobies. Ainsi, si vous avez peur de rougir en public, alors vous souffrez d’éreuthophobie. Si vous craignez d’être pris d’une envie urgente de déféquer, vous êtes apopathophobe. À l’inverse, si vous avez peur de la constipation, vous souffrez d’apopathodiaphulatophobie. Et il y a aussi l’autodysomophobie, qui désigne la peur de répandre des mauvaises odeurs…

Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, on a même trouvé un mot pour désigner la peur d’être enterré vivant. Il s’agit de la taphophobie. Quant à la peur du suicide, elle peut aussi être désignée par le mot: autochéirothanatophobie.

Pour toutes ces phobies, attestées ou non, on peut aussi employer le nom commun finissant en –phobe pour désigner la personne qui en est atteinte. Un photophobe craindra la lumière. Un bélénophobe aura peur des épingles. Un pyrophobe est tout le contraire d’un pyromane et craindra le feu. Un acrophobe aura peur des hauteurs, tout comme le cremnophobe craindra les précipices.

Si vous n’aimez pas la nuit ou l’obscurité et que vous devez voyager en avion sur un vol dont le numéro finirait par 13, il serait possible que vous soyiez à la fois nyctophobe (nuit), kénophobe (obscurité), aérodromophobe (peur de voyager en avion) et triskaïdékaphobe (peur du nombre treize).

Et si vous craignez qu’un passager brandisse une arme blanche, vous pourriez alors être machaïrophobe!

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Enfin, on a même pensé à créer un mot pour désigner la peur de tout: la pantophobie. Et si jamais vous êtes de ceux qui ont peur d’avoir peur, alors vous êtes atteint de phobophobie.

Et je devine bien sûr que si vous lisez ces lignes, c’est que vous n’êtes surtout pas francophobes!

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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