Anodajay: le hip-hop québécois sur la scène de Franco-Fête

Un pionnier venu d’Abitibi

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Publié 19/06/2012 par Guillaume Garcia

D’habitude, les pionniers partent des villes pour aller découvrir des territoires isolés; dans le cas d’Anodajay le parcours s’est fait dans l’autre sens. Pionnier du hip-hop québécois, l’artiste est venu de la campagne pour conquérir la ville. Derrière lui, d’autres rappeurs ont suivi, dont Samian, qui sera avec lui sur la scène WestJet ce vendredi à la Franco-Fête. Par téléphone, depuis les Francofolies de Montréal, Anodajay nous dresse un bilan de la situation du hip-hop québécois.

À la fois artiste et producteur, Anodajay, Steve Jolin de son vrai nom, a très vite compris que s’il ne faisait rien pour le hip-hop, personne ne le ferait à sa place. À 26 ans, il a créé son label, 7e ciel, qui produit aujourd’hui Samian, Koriass, Dramatik ou encore Manu Militari.

«Tout est à construire au Québec (ndlr, au niveau du hip-hop). On connaît le courant aux États-Unis et en France, mais c’est arrivé en dernier au Québec. Il fallait se trouver une identité. Maintenant il faut le faire découvrir aux gens, pour que la masse le voie, les médias… c’est quand même la première musique dans le monde…»

Enraciné dans le local

Coincé entre les gros beats américains et les textes français, le Québec a développé son identité en s’enracinant dans le local.

«On s’est approprié nos expressions, maintenant on a nos propres beatmakers, nos DJ, les gens sont autodidactes», explique Anodajay. Lui a commencé très tôt, à Rouyn-Noranda, à se produire sur scène. «On était deux, trois à l’époque! On se faisait regarder de travers!», se rappelle-t-il.

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En y regardant de plus près, les gros succès hip-hop québécois ont toujours ce lien très fort avec la réalité de la province. Quand Loco Locass tape sur les libéraux (Libérez-nous des libéraux), célèbre le Canadien de Montréal (Le but), ou fait une apparition dans la chanson La paix des braves de Samian, c’est une partie de l’histoire du Québec qui est racontée.Anodajay parle dans ses textes de sa région natale, mais aussi de thèmes plus universels qui font que sa musique touche tous les amateurs de hip-hop. «Je vais toujours continuer à revendiquer. Il faut rester vrai dans le hip-hop. Il faut mettre les racines en avant», avance-t-il.

Anodajay habite toujours dans la ville de ses débuts, où il a, tout au long de sa carrière, développé la scène. Cela ne l’empêche pas d’être présent en ville lorsque ça compte, comme aux dernières Francofolies, ou encore lors de la tournée québécoise du vétéran Akhenaton, tête d’affiche du groupe français IAM. Tout comme Anodajay, Akhenaton fait figure de «pionnier» du rap en France. Le tube du groupe IAM Je danse le mia a lancé la carrière du groupe marseillais au début des années 90. La rencontre entre deux pionniers a ravi Anodajay qui avoue avoir beaucoup écouté IAM, tout comme de nombreux artistes hip-hop québécois.

Prof d’éducation physique

Artiste, producteur Anodajay était également prof d‘éducation physique à Rouyn-Noranda, avant de «prendre sa retraite» pour mettre le paquet sur ses autres projets. Depuis deux ans, il a enchainé les concerts avec son dernier album Et7era et fait exploser la carrière de Samian, son protégé, également de la région de Rouyn-Noranda. Sans jalousie aucune envers la réussite de son poulain, Anodajay explique préférer mettre entre parenthèses sa propre carrière pour s’occuper de celles des autres.

«Samian, je savais que c’était pour exploser. On avait des amis communs qui m’ont dit qu’il y avait un rappeur autochtone qui était très bon. Quand je l’ai vu sur scène, j’ai compris. Sa présence, sa voix et surtout son propos. On est devenu ami du jour au lendemain et comme il n’avait pas de contacts dans le milieu, je lui ai proposé de produire son disque. Ça a été comme sa carte de visite.»

Extrêmement fier de Samian, Anodajay dit de lui qu’il est «l’essence même du hip-hop», rien de moins! «Il parle du ghetto et au Québec il n’y a pas pire ghetto que les réserves. Il est tellement réel et authentique, il aide vraiment les jeunes à se connecter avec la réalité des Premières nations et il donne aussi beaucoup d’espoir aux communautés.»

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Anodajay et Samian se partageront la scène WestJet de la Franco-Fête, vendredi à 19h, à Harbourfront, pour un premier pas du hip-hop au sein de la programmation du festival.

Franco-Fête, 22, 23, 24 juin prochains à Harbourfront.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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