Pour les Torontois – et pas seulement les francophones – l’interprète Andrée Bernard a longtemps été une présence fidèle sur la scène musicale, de par les rendez-vous qu’elle nous donna, des années durant, au restaurant St-Tropez. Si on a moins souvent l’occasion de l’entendre dans les clubs torontois, c’est parce qu’il y a cinq ans, Bernard a choisi de regagner sa ville natale, Québec, après plus de deux décennies dans la Ville-Reine.
Cette rentrée torontoise, dans le cadre de la 23e édition du festival Downtown Jazz, sera d’autant plus réjouissante que ce sera l’occasion d’entendre Andrée dans un contexte où elle excelle, celui du cabaret intimiste. En effet, c’est au Old Mill, une des plus belles salles de la ville, qu’elle partagera l’affiche avec l’interprète Adi Braun et le tandem de Joe Sealy au piano et Paul Novotny à la contrebasse, deux piliers de la scène jazz.
«Ce cabaret, qui s’appelle Between Friends, c’était l’idée d’Adi. On se connaît depuis 20 ans environ, mais on se fréquente régulièrement depuis une douzaine d’années. Je vais m’accompagner au piano sur deux ou trois morceaux, mais pour le reste, on sera accompagnées par Paul et Joe.»
Différents répertoires, différentes approches
Inteprète reconnue pour sa polyvalence, Andrée Bernard se sent aussi à l’aise dans le répertoire habituel des chanteuses de jazz – entendez Gershwin, Cole Porter ou Rogers et Hart – mais elle n’hésite pas à s’offrir des incursions dans la comédie musicale plus contemporaine (Les Misérables, Miss Saigon), de même que dans les classiques de Jacques Brel (Ne me quitte pas) ou d’Édith Piaf, dont elle aborde l’impérissable Je ne regrette rien avec des accents qui ne sont pas sans évoquer Ginette Reno.
Mais Andrée Bernard estime que ce n’est pas suffisant de chanter le répertoire du jazz pour se considérer jazzwoman. «Pour chanter du jazz, il faut avoir le sens de l’improvisation. Beaucoup de gens se disent chanteurs de jazz simplement parce qu’ils font des standards. Ce n’est pas le bon critère, selon moi. Il faut aussi savoir faire du scat, c’est-à-dire des onomatopées improvisées avec la voix. C’est à ça qu’on reconnait un vrai interprète de jazz.» Quand on lui mentionne que l’immortelle Billie Holiday ne pratiquait pas l’art du scat, Andrée établit tout de suite la distinction. «Pour moi, Billie était plutôt une chanteuse de blues, je dirais même une chanteuse soul.»