Andrée Bernard au festival Downtown Jazz

Une voix qui nous revient

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Publié 23/06/2009 par Dominique Denis

Pour les Torontois – et pas seulement les francophones – l’interprète Andrée Bernard a longtemps été une présence fidèle sur la scène musicale, de par les rendez-vous qu’elle nous donna, des années durant, au restaurant St-Tropez. Si on a moins souvent l’occasion de l’entendre dans les clubs torontois, c’est parce qu’il y a cinq ans, Bernard a choisi de regagner sa ville natale, Québec, après plus de deux décennies dans la Ville-Reine.

Cette rentrée torontoise, dans le cadre de la 23e édition du festival Downtown Jazz, sera d’autant plus réjouissante que ce sera l’occasion d’entendre Andrée dans un contexte où elle excelle, celui du cabaret intimiste. En effet, c’est au Old Mill, une des plus belles salles de la ville, qu’elle partagera l’affiche avec l’interprète Adi Braun et le tandem de Joe Sealy au piano et Paul Novotny à la contrebasse, deux piliers de la scène jazz.

«Ce cabaret, qui s’appelle Between Friends, c’était l’idée d’Adi. On se connaît depuis 20 ans environ, mais on se fréquente régulièrement depuis une douzaine d’années. Je vais m’accompagner au piano sur deux ou trois morceaux, mais pour le reste, on sera accompagnées par Paul et Joe.»

Différents répertoires, différentes approches

Inteprète reconnue pour sa polyvalence, Andrée Bernard se sent aussi à l’aise dans le répertoire habituel des chanteuses de jazz – entendez Gershwin, Cole Porter ou Rogers et Hart – mais elle n’hésite pas à s’offrir des incursions dans la comédie musicale plus contemporaine (Les Misérables, Miss Saigon), de même que dans les classiques de Jacques Brel (Ne me quitte pas) ou d’Édith Piaf, dont elle aborde l’impérissable Je ne regrette rien avec des accents qui ne sont pas sans évoquer Ginette Reno.

Mais Andrée Bernard estime que ce n’est pas suffisant de chanter le répertoire du jazz pour se considérer jazzwoman. «Pour chanter du jazz, il faut avoir le sens de l’improvisation. Beaucoup de gens se disent chanteurs de jazz simplement parce qu’ils font des standards. Ce n’est pas le bon critère, selon moi. Il faut aussi savoir faire du scat, c’est-à-dire des onomatopées improvisées avec la voix. C’est à ça qu’on reconnait un vrai interprète de jazz.» Quand on lui mentionne que l’immortelle Billie Holiday ne pratiquait pas l’art du scat, Andrée établit tout de suite la distinction. «Pour moi, Billie était plutôt une chanteuse de blues, je dirais même une chanteuse soul.»

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Selon les cadres dans lesquels elle est appelée à évoluer, Andrée sait doser les différentes facettes de son art. Puisque le cabaret Between Friends est présenté dans le cadre de Downtown Jazz, on peut s’attendre que la part de l’improvisation y soit plus importante. «Ce sera un peu différent (de ce que je fais ailleurs), mais au fond, c’est la même chose. Ça reste toujours des chansons à interpréter. En tant qu’interprète, j’aborde une chanson de Piaf comme elle est écrite. De par la structure même de la chanson, ça se “jazze” moins facilement. »

Et comment s’y prend-t-on pour choisir son répertoire, quand, comme elle, on se sent tout aussi à l’aise dans plusieurs registres? «Comme la plupart des musiciens, quand j’écoute quelque chose de nouveau, je suis d’abord attirée par la musique», précise-t-elle. «Ensuite, je me penche sur le texte. Si c’est mal écrit, je ne peux pas le chanter. Si je suis critique à l’égard des chansons des autres, c’est parce que j’écris moi-même. Il faut que le sujet m’accroche et que ce soit bien écrit.»

Deux villes, deux publics

Bien qu’elle se soit toujours sentie chez elle dans les deux milieux et les deux langues, Andrée Bernard savait que tôt ou tard, il lui faudrait revenir aux sources. «Je voulais rentrer à Québec parce que je m’ennuyais beaucoup de ma culture. Depuis quelques années, j’écris de plus en plus, et j’avais le besoin de revenir d’où je venais pour faire ça. Mais c’est pas évident, après 23 ans d’absence, surtout que j’aimais beaucoup ma vie et mon travail à Toronto.»

«Le public de Toronto ne va pas démontrer ses émotions aussi ouvertement que le public québécois, mais en même temps, il écoute plus attentivement», fait-elle remarquer. «Les Québécois sont charmants parce qu’ils veulent embarquer dans ce que tu fais, mais ils passent parfois à côté de la chanson.»

À force de côtoyer les classiques du répertoire du XXe siècle, Andrée Bernard en a ressenti le besoin de se frotter elle-même à l’écriture. «Depuis que j’ai découvert l’écriture, ça me passionne plus que l’interprétation. Mes nouvelles chansons vont mener à un spectacle que j’aimerais présenter à Québec et, éventuellement, à Montréal et ailleurs, si ça fonctionne bien. Ensuite, je ferai un CD, mais…ça coûte cher!», conclut-elle en riant.

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Between Friends, avec Adi Braun, Andrée Bernard, Joe Sealy et Paul Novotny.
Le vendredi 26 juin au Old Mill (21, Old Mill Rd, Toronto)
Billets (30,00 $) au 416-870-8000

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