Le Québec des années 1960 est en pleine effervescence. C’est le début de la Révolution tranquille. «Un monde vient de s’éteindre, de quoi sera fait le suivant?» Telle est la question à laquelle l’écrivain Bruno Roy tente de répondre dans son tout dernier roman intitulé N’oublie pas l’été.
Pour partager ses réflexions, le romancier a eu l’heureuse idée de littéralement camper ses personnages dans un camp d’été dirigé par les Frères de Saint-Raphaël au milieu des années 1960. Le directeur du camp Saint-Antonin est perçu comme «un vieux meuble». Ce Frère archiviste photographie les campeurs en action avec peu de doigté; il «fige l’instant plutôt que d’exprimer le mouvement même de la vie».
La vie ne manque pourtant pas dans un camp fréquenté essentiellement par des jeunes démunis, en manque d’affection, issus de foyers brisés. Les prouesses de plein air et les défis artistiques s’entrecoupent allègrement.
Bruno Roy prend soin de noter que même si les Frères vivent tout un été avec ces jeunes démunis, dans des activités communes, ils doivent toujours éviter de devenir des pères adoptifs. L’auteur utilise une image de Jacques Ferron pour illustrer cette réalité: «Les saules d’une berge ne mêlent pas leurs branches d’une rive à l’autre, au-dessus des eaux communes.»
Le roman fait évoluer une brochette de personnages, du plus in au plus vieux jeu. Celui qui s’occupe des plus jeunes campeurs, les Oisillons, adopte les tics et les gestes de son idole, le cardinal Léger (archevêque de Montréal de 1950 à 1967).