Âmes frileuses s’abstenir

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Publié 05/11/2013 par Paul-François Sylvestre

Je ne connaissais pas Roni Loren lorsque j’ai demandé un service de presse de son tout dernier roman, Libère-Moi. C’est après que j’ai appris que l’auteure mélange allègrement érotisme, romantisme et thriller, le premier ingrédient demeurant de loin le plus important.

Dans sa promotion de l’ouvrage, City Éditions annonce l’histoire de Brynn LeBreck qui voue sa vie à l’aide des femmes en difficulté. Celle qui a besoin de son aide est nulle autre que sa sœur Kelsey qui a disparu. Et pour la trouver, Brynn doit fréquenter un haut lieu de soumission ou de domination sexuelle.

Il est brièvement question du cas de Kelsey vers les pages 60-70, puis rien pendant plus de 200 pages. Quand je dis rien, c’est une façon de laisser entendre que l’intrigue disparaît pour laisser place aux tentations sexuelles, aux sensations fortes (S&M), à la domination masculine et à la soumission féminine.

J’ai glané quelques expressions ou brefs passages pour vous donner une idée du ton que revêt ce roman érotique.

Il est question de «corps en feu», d’un «désir vif et sauvage qui brouillait ses pensées», de «baiser jusqu’à ce qu’elle ait la voix cassée d’avoir trop hurlé son nom», de «goût typiquement masculin […], ce délicieux mélange de sel, de musc et d’excitation», et j’en passe, des vertes et des pas mûres.

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«Il sortit une sangle de cuir de sa poche arrière et l’enroula autour du cou de Brynn. Une fois celle-ci fixée, il s’empara d’une chaîne sur une des tables mises à disposition des maîtres et accrocha l’attache à la boucle du collier.». Libre à vous d’imaginer la suite!

Libère-Moi fait partie d’une collection qui inclut des titres tels que Le Sanctuaire de la Soumission, Le Jeu des Tentations et Journal intime d’une Femme Soumise. L’intrigue est très mince et la description des personnages est essentiellement axée sur leurs zones érogènes et sur toutes les activités qui peuvent les entourer, toutes sans exception.

Soyez prévenus, les jeux sexuels vont juteusement crescendo. La décadence du roman est l’incarnation du fantasme le plus osé. De toute évidence, Libère-Moi n’est pas un livre pour les âmes frileuses!

La Maîtresse

Je signale brièvement un autre livre, La Maîtresse de Lydia Dion. Il n’est pas question, ici, de relation maître/esclave, loin de là. C’est plutôt l’histoire d’un livre qui refuse de s’écrire, d’un regard lucide sur la profession d’enseignante.

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Peut-on tout dire, tout montrer, même le monstre en soi? Mère, enseignante, amante, la narratrice confond les rôles, ne sait plus qui elle est dans ce parcours labyrinthique.

Après La Dévorante (2011), La Maîtresse pousse encore plus loin la réflexion de l’intime au service de l’écriture dans une forme davantage maîtrisée, une écriture qui gagne en puissance, en profondeur et en poésie.

Mais je dois vous prévenir que l’auteure ne facilitera point votre lecture car elle omet tout signe de ponctuation.

Roni Loren, Libère-Moi, roman traduit de l’anglais par Ariane Maksioutine, Paris, City Éditions, 2013, 384 pages, 27,95 $.

Lynda Dion, La Maîtresse, roman, Sillery, Éditions du Septentrion, coll. Hamac, 2013, 218 pages, 20,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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