Voilà un des grands dilemmes de notre époque Américain ou états-unien?. Surtout dans les médias. Doit-on employer l’origine de l’adjectif «américain» pour désigner ce qui vient des États-Unis d’Amérique ou doit-on lui préférer «états-unien»? Le premier est courant et connu de tous, mais il déçoit par son caractère prétentieux. Le second est plus récent, plus précis, mais n’est pas encore très répandu. De façon générale, on peut affirmer que les personnes qui vivent en Bolivie, au Chili, au Brésil, en Guyane, au Mexique, en Jamaïque, au Honduras ou en Uruguay sont tous des Américains. Forcément, nous sommes aussi des Américains au sens strict. Nous habitons en Amérique. Comme nos amis d’Amérique du Sud ou d’Amérique centrale. Mais nos voisins du sud, ceux qui habitent les États-Unis, se sont accordé le privilège d’exclusivité quant à l’adjectif «américain» et au gentilé qui en découle. Ne serait-il pas alors préférable d’utiliser le gentilé États-Uniens et États-Uniennes pour les désigner ?
L’origine du mot Américain ou états-unien
L’origine de l’adjectif «américain» est assez simple. L’union de treize colonies britanniques d’Amérique du Nord pour former les États-Unis d’Amérique, en 1776, a entraîné l’utilisation du nom United States of America. Rapidement, les habitants ont pris l’habitude de tronquer ce trop long nom et d’utiliser simplement America ou United States. Et selon plusieurs sources, ils ont commencé à se désigner comme étant des «Americans», d’où la traduction «Américains». Un article du logiciel de correction Antidote nous apprend qu’au fil des ans, d’autres gentilés anglais moins ambigus ont été proposés mais n’ont pas connu de succès. On parle de «United Statesian», «Usian» et de «Usonian», notamment. Les dictionnaires français nous disent que l’adjectif «américain» et le nom «Américain» peuvent aussi bien désigner quelqu’un ou quelqu’un qui vient de l’Amérique ou des Amériques, que quelqu’un ou quelque chose qui vient des États-Unis d’Amérique. Dans l’usage, le mot «américain» colle davantage à la deuxième signification, si bien qu’on a dû créer l’adjectif «panaméricain» pour parfois faire référence à l’ensemble du continent. Le Robert nous apprend que l’adjectif «états-unien» et son féminin «états-unienne» sont apparus vers le milieu du XXe siècle, vraisemblablement par souci de clarté ou de précision. L’adjectif a été substantivé pour former le gentilé «États-Unien». Dans les deux cas, on note une variante graphique: «étasunien» ou «Étasunien». Bien que le Robert fixe l’apparition d’«états-unien» à 1955, l’article très complet qu’on trouve sur le logiciel Antidote mentionne que «la plus ancienne attestation connue à ce jour remonte à 1934» et qu’«on la trouve dans un numéro de la revue politique québécoise L’Action nationale, sous la plume de son directeur Arthur Laurendeau». Il avait alors écrit ceci : «On comprend facilement que les élites états-uniennes soient de race intellectuelle moins pure que les élites européennes.»
Arrivée d’un dictionnaire
La première apparition dans un dictionnaire remonterait à 1961, dans le Grand Larousse encyclopédique. Et c’était sous une forme soudée, étatsunien. Depuis, la forme soudée a perdu la lettre «t» que l’on trouve à la fin du mot «état». Antidote rapporte qu’on a même déjà vu passer la graphie «étazunien» avec un inexplicable «z» en milieu de mot.