Comme dans bien des foyers torontois, la porte d’entrée de Geneviève Proulx ouvre sur un salon double. La place est parée avec l’attention qu’on réserve aux grandes occasions: éclairage chaleureux, comptoir de cuisine transformé en bar et table de la salle à dîner chargée de hors-d’oeuvre, poussée contre le mur. Détails importants annonçant une soirée spéciale: plus d’une vingtaine de chaises dépareillées faisant face à un piano et un grand lutrin. Il y a de l’excitation dans l’air! La plupart d’entre nous allons assister à notre premier concert de salon.
À l’époque victorienne, les gens qui recevaient aimaient bien installer dans leur intérieur des objets saugrenus acquis dans des contrées lointaines: une petite table montée sur un pied d’éléphant (beurk!), un chandelier fait de cornes d’antilopes, une flèche africaine empoisonnée… Les anecdotes sur ces objets meublaient de longues conversations de salon. Les hôtes procuraient ainsi à leurs convives un peu d’aventure dans l’intimité de leur foyer.
Dans le même esprit, de nos jours les hôtes se tournent de plus en plus vers les concerts de salon pour offrir une expérience unique de laquelle naîtront de belles conversations avant et après l’événement.
Cocooning local
«Become part of the house concert phenomenon that’s sweeping the nation!», peut-on lire sur le site homeroutes.ca (dont les racines sont au Manitoba). «Make it your place» lance à la ronde acousticroof.ca (une initiative de la Nouvelle-Écosse). «Ce projet s’inscrit dans une tendance mondiale», nous avisent les créateurs du site québécois showdesalon.com (officiellement lancé en juin 2012).
Ce mouvement illustre parfaitement la tendance des consommateurs dont je parlais dans ma chronique du 4 septembre, celle de rechercher de plus en plus des lieux de diffusion plus près de chez soi, des coûts d’entrée plus abordables et surtout, un rapport émotif plus en profondeur avec l’expérience.