«Un grand n’est pas un petit!» C’est ce qu’auraient sûrement dit les jeunes des quartiers urbains de Douala, Ouaga ou Abidjan à propos du monstre sacré de la littérature russe et mondiale qui vient de s’éteindre dans la nuit du 3 au 4 août 2008.
Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne a tiré sa révérence comme Youssef Chahine, une semaine avant lui. Dissident jusqu’au plus profond de lui-même, il est resté tel, égal à lui-même, debout jusqu’à la mort.
Mathématicien ayant choisi avec passion la littérature, il a donné au patrimoine littéraire mondial ses plus belles pages en dénonçant l’oppression, la torture, le manque de liberté d’expression, les désillusions de la grande Russie avec ses ilots d’atrocités, d’où le titre de cette œuvre qui lui a valu l’expulsion de son pays natal, l’Archipel du goulag.
Le mot goulag est un acronyme russe des camps de travaux forcés, Glavnoe oupravlenie ispravitelno-trudovykh Lagerei. Il fait maintenant partie du vocabulaire français pour designer tout endroit où la liberté des personnes n’existe pas et où règnent la terreur et l’oppression.
En 1970, quand Soljenitsyne recevait (en réalité, il ne le recevra qu’en 1974 après son expulsion) son Nobel, j’avais 3 ans, je n’allais pas encore à l’école et je ne savais pas lire. Et voilà que vingt ans après, j’allais rencontrer son œuvre magistrale et me trouver des affinités dans le rebelle qu’il était, qu’il fut et sera à jamais.