Le 8e festival annuel imagiNATIVE vient de se clore en célébrant une nouvelle fois les dernières oeuvres cinématographiques d’artistes autochtones. Parmi eux, la renommée documentariste Alanis Obomsawin. Cela fait 40 ans qu’elle porte son regard sur les peuples autochtones. C’est en quelque sorte une question de responsabilité. Ses origines sont indiennes, elle se doit de parler de ce qui ne va pas, pour faire changer les choses. Mais la responsabilité, c’est aussi celle de montrer la réalité sans la déformer, sans porter sur elle un regard erroné. Ce que ceux qui s’attellent à la tâche ne parviennent pas tous à faire avec autant de talent…
Alanis Obomsawin est née en 1932 au New Hampshire, en territoire abénaquis, puis a vécu sa jeune enfance dans le Nord-Est de Montréal, à la réserve d’Odanak.
Elle y vivra jusqu’à l’âge de 9 ans, avant de s’installer avec ses parents à Trois-Rivières. Mais Alanis Obomsawin ne se coupera jamais de ses racines. Ni Canadienne, ni Québécoise, elle se considère exclusivement Abénaquise. Son enfance à Trois-Rivières n’a pas été très tendre: elle subit les brimades de ses camarades engoncés dans des préjugés racistes.
Mais sa farouche volonté de parler de son peuple n’est pas une revanche. «L’idée est de prendre notre place, d’avoir un endroit – le film documentaire – où notre peuple peut avoir la parole et montrer ses traditions, ses coutumes, son histoire… Pendant plusieurs générations, cette dernière a été bannie. Moi je souhaite documenter l’histoire du plus de communautés possible car elle représente les racines des gens, celles aussi des jeunes d’aujourd’hui et des jeunes à venir. Il faut qu’ils sachent d’où ils viennent, ce qui s’est passé dans la vie de leurs ancêtres.»
Alanis Obomsawin est d’abord chanteuse, auteure et conteuse, et se lance dans le cinéma en 1967. Son genre de prédilection: le documentaire engagé. Pour faire parler les siens… pour faire parler des siens. Qu’on leur donne enfin la parole et que ces films servent à quelque chose. L’art pour l’art? Très peu pour elle.