La première mondiale du Concerto numéro 4 du «Mozart canadien» André Mathieu (1929-1968) n’avait pas eu lieu au Canada, mais aux États-Unis, en 2008. Une anomalie, selon Alain Lefèvre, qui l’avait reconstitué deux ans auparavant à force de travail et grâce à «un sacré coup de chance»: l’émergence d’un vieil enregistrement, alors qu’on avait perdu la partition.
Alain Lefèvre a une passion pour André Mathieu depuis son enfance. Il jouera justement la Rhapsodie romantique de ce compositeur avec l’Orchestre Symphonique de Toronto le 21 janvier: un concert qui ouvrira la série Mosaïque canadienne pour fêter le 150e anniversaire de la Confédération.
Cette Rhapsodie romantique, qu’il se réjouit de jouer enfin à Toronto, Alain Lefèvre l’avait jouée il y a 36 ans à Paris avec l’orchestre de Radio France. Quant au Concerto numéro 4, dont la première mondiale avait eu lieu à Tucson, Alain Lefèvre l’a joué à plusieurs endroits – dont au Carnegie Hall en 2013 –, mais elle n’a jamais encore été jouée à Toronto.
Le Canada est-il trop humble pour donner du crédit à ce qui est créé chez lui ? Comment se fait-il qu’il ait souvent besoin que ses talents soient d’abord avalisés par un autre pays avant de les reconnaître ? Alain Lefèvre pense qu’il est temps de pratiquer une sorte de «patriotisme intelligent».
Lui n’est pourtant pas né Canadien, mais en France. Il a 4 ans quand sa famille immigre définitivement au Québec. Il devient rapidement plus canadien que français. Pianiste surdoué, il rencontre le succès très tôt sur la scène canadienne et internationale, se perfectionne un temps à Paris, et poursuit la vie de concertiste.