Al-Qaïda et le FLQ: amalgame imprudent

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Publié 27/06/2006 par Martin Lettre

Dans une récente lettre au Forum des lecteurs de L’Express, Marie-Paule Leclerc fait un amalgame imprudent.

Elle émet l’hypothèse de l’occupation du Québec par l’armée canadienne au lendemain d’un oui au référendum de 1995 sur la souveraineté, de l’emprisonnement des séparatistes, de bombes posées à Toronto et Ottawa par le Front de libération du Québec (FLQ) et de la stigmatisation des francophones du Canada anglais assortie d’une surveillance policière à leur endroit.

Elle fait ensuite un parallèle avec la communauté musulmane d’aujourd’hui et sa stigmatisation dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

Il importe de comprendre que l’arrestation le mois dernier de 17 musulmans à Toronto est la phase II de ce qui avait commencé par l’opération «Thread» début 2004, et qui n’avait résulté en aucune accusation autre que sur des questions d’immigration. L’enquête suit son cours dans cette seconde phase et il importe d’éviter l’inflation médiatique et les conclusions hâtives.

En ce qui a trait à ce qui s’est passé au Québec il y a 10 ans, il paraît peu plausible de penser à une occupation par l’armée canadienne après une deuxième participation du Canada à un référendum sur la souveraineté au Québec.

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Si le Canada avait de telles intentions, il ne participerait pas au référendum et n’entrerait en action qu’après-coup.

L’idée d’emprisonner les séparatistes paraît surréaliste puisqu’il se serait agi de la majorité des Québécois. Les prisons canadiennes ne disposent pas de millions de places. Et comme le FLQ n’existe plus depuis 1971, il est difficile de le voir entrer en action en 1995.

Marie-Paule Leclerc a raison de dire que le Canada fournit des justifications aux musulmans de recourir au terrorisme – elle semble pointer du doigt la présence militaire canadienne en Afghanistan – mais l’amalgame qu’elle fait entre l’islamophobie et la peur que suscite la démarche souverainiste du Québec au Canada anglais n’est de nature à éclairer ni les Canadiens musulmans ni les francophones du Canada anglais.

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