La photo a ému le monde entier parce qu’il s’agissait d’un enfant. Et d’un enfant dont la mort semblait si tristement évitable. Mais il y a davantage. Selon les chercheurs, nous serions physiologiquement incapables de ressentir de l’empathie pour les groupes: uniquement les individus, et encore, pas tous.
Le mot du psychologue Paul Bloom semble cruel: «il est impossible d’avoir de l’empathie à l’égard de 7 milliards d’étrangers, ou d’éprouver à l’égard de quelqu’un que vous n’avez jamais rencontré le même degré de préoccupation que vous ressentez pour un enfant, un ami, un amant».
Et en 2005, une recherche en psychologie l’avait presque monétisé: en période de crise, les gens sentent davantage de compassion et donnent davantage d’argent pour des victimes individuelles que pour des groupes de victimes.
Notre cerveau programmé
En soi, les organismes d’aide internationale l’ont depuis longtemps compris, en mettant des visages sur l’aide qu’ils apportent aux pays lointains ou en incitant des donateurs à «parrainer» un enfant. Mais là où il y a quelques décennies, on agissait ainsi intuitivement, les neurosciences se sont mises de la partie: notre cerveau serait carrément programmé pour réagir ainsi.
La réaction émotive à une photo d’enfant qui souffre, explique le psychologue Paul Slovic, c’est la réaction normale de l’humain qui, depuis des centaines de milliers d’années, doit réagir très vite aux menaces qui pèsent sur sa communauté immédiate.