Serait-ce une douce illusion que cette soudaine accalmie en Afghanistan? Avec un hiver particulièrement rigoureux et des routes impraticables, les combattants taliban se sont retranchés dans leurs villages et attendent le retour des beaux jours pour relancer leur offensive. Une offensive que militaires et politiques appréhendent déjà comme particulièrement farouche avec une recrudescence prévue des attaques conventionnelles et des attentats suicides.
«On peut s’attendre à plus d’opposition, c’est à prévoir», a dit la semaine dernière l’ambassadeur canadien à Kaboul. Et le secrétaire général de l’OTAN de renchérir en estimant que 15 000 insurgés participeront à cette relance de la violence contre les forces de l’OTAN. «2007 sera une année particulièrement difficile», a ajouté Jaap de Hoop Sheffer, secrétaire général de l’OTAN.
Le ton monte aussi à l’intérieur de nos frontières. Le rapport sénatorial déposé le 13 février atteste de «la profondeur du malaise sur ce qui se passe en ce moment en Afghanistan», analyse Marc-André Boivin du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal. Onze recommandations sont proposées pour relancer la stratégie canadienne en Afghanistan et pour éviter un enlisement là où les Russes ont dû rebrousser chemin il y a une décennie.
Le Canada devrait tout d’abord forcer davantage la main aux autres alliés de l’OTAN pour obtenir davantage de soutien en Afghanistan, affirme le rapport. Des efforts majeurs doivent également être consentis au niveau de la formation de la police et de l’armée afghane et de l’aide humanitaire, et des pressions importantes doivent être opérées auprès des autorités afghanes pour qu’elles adoptent une stratégie agressive et efficace contre la corruption.
«Ce n’est que lorsque nos militaires seront perçus comme des alliés plutôt que des conquérants que nous aurons enfin la chance d’être acceptés comme une alternative aux talibans», peut-on lire dans le rapport du Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense.