Je commence par des adieux aux lecteurs. J’ai bien des chats à fouetter, trop de travail, de l’ordre à mettre en mon désordre. C’est pourquoi je dois renoncer, avec regrets, à cette chronique, pour le moment. D’aucuns en seront ravis, comme Solange Rabi que j’ai choquée. Elle me le dit vertement dans un message que vous pouvez lire sur Internet après ma chronique sur le VIOL.
Solange est d’abord choquée qu’un journal tel que L’EXPRESS DE TORONTO ait osé publier mon texte. Elle aimerait sans doute que le journal de ses rêves soit le reflet de son comportement religieux bien pensant. Un tel canard perdrait vite ses plumes dans une société de gens qui ont pris la triste habitude de raisonner plutôt que se conformer! L’EXPRESS accueille toutes les opinions, même la vôtre, chère Solange. C’est cette ouverture d’esprit qui fait la force et la liberté d’un journal.
Chère Solange, vous m’accusez ensuite de «parler de ce que je ne connais pas », en particulier de la Bible. Je vous rassure tout de suite. J’ai été élevé dans la religion chrétienne et j’ai passé plusieurs années de ma vie dans un collège de jésuites. On nous faisait réciter une prière avant et une prière après chaque activité. Cela devait bien faire trente par jour ! L’âge de raison venant, j’ai été vite saturé d’oraisons.
Quant à la Bible, on en lisait copieusement des extraits, chaque jour. C’était une Bible expurgée, édulcorée, qu’on avalait comme un roman de cow-boys. L’idée m’est venue tardivement de lire la vraie Bible.
J’en ai été tellement stupéfait, choqué, comme vous, que j’ai écrit un bouquin que je vous conseille vivement, LE PIED DE DIEU, LECTURE IRRESPECTUEUSE DE LA BIBLE*. Je vous défie, chère Solange, de trouver une citation erronée dans ce texte. Elles sont toutes reproduites de la traduction de la Bible hébraïque d’Édouard Dhorme, Paris, Gallimard, Pléiade, 1956.