Accord pour rétablir l’ordre constitutionnel au Mali

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Publié 05/04/2012 par Rukmini Callimachi (The Associated Press)

à 05h28 HAE, le 7 avril 2012.

BAMAKO, Mali – Seize jours après le coup d’État au Mali, le chef des putschistes a finalement accepté, sous la pression des dirigeants de la région, de céder le pouvoir et rétablir l’ordre constitutionnel. Une annonce intervenue quelques heures après la proclamation unilatérale de l’indépendance de la nation Azaouad, par les insurgés touaregs qui ont pris le contrôle du nord du pays.

Flanqué de plusieurs ministres des pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), le capitaine Amadou Haya Sanogo est sorti vendredi soir de son bureau, dans la base militaire d’où était partie la mutinerie le mois dernier, et a lu le texte de l’accord qu’il venait de signer.

L’accord rappelle que l’article 36 de la Constitution prévoit que le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim en cas de vacance du pouvoir et forme un gouvernement d’intérim, chargé d’organiser de nouvelles élections.

« Dans l’éventualité d’une vacance de la présidence de la République pour quelque raison que ce soit, ou en cas d’un empêchement absolu et définitif », a lu Amadou Haya Sanogo, « les fonctions du président de la République seront exercées par le président de l’Assemblée nationale ». L’accord ne précise pas toutefois quel rôle jouera dans l’avenir la junte. Il ne fixe pas la date à partir de laquelle le président de l’Assemblée nationale assumera l’intérim, ni la durée de la transition avant la tenue des élections.

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Dioncounda Traoré, le président de l’assemblée nationale, a fui le Mali après le coup d’Etat. Mais selon un haut responsable impliqué dans les négociations de l’accord il pourrait rentrer dès samedi.

L’article 36 de la Constitution stipule que les nouvelles élections doivent se tenir dans les 40 jours. Mais l’accord signé vendredi précise que ce délai sera vraisemblablement prolongé, en raison de l’insurrection dans le nord du pays.

« En raison des circonstances exceptionnelles que traverse le pays, à cause de la crise institutionnelle et de la rébellion armée dans le nord qui ont sérieusement affecté le fonctionnement des institutions de la République et à cause de l’impossibilité d’organiser des élections en 40 jours comme le stipule la Constitution », a poursuivi Amadou Sanogo, « il est indispensable d’organiser une transition politique avec l’objectif d’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes ».

Le 21 mars, à la tête d’un groupe de soldats mutins, Amadou Sanogo avait pris d’assaut le palais présidentiel, renversant le président Amadou Toumani Touré, qui s’était enfui.

L’accord conclu vendredi soir a été salué par le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, qui se trouvait aux côtés du capitaine Sanogo. Il a expliqué ensuite que les pays voisins du Mali avaient accepté de lever les sévères sanctions imposées en début de semaine par la CEDEAO, y compris la fermeture des frontières du pays. Le Mali enclavé importe tout son carburant et déjà de nombreux quartiers de Bamako sont privés d’électricité la moitié de la journée.

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Un diplomate occidental en poste à Bamako restait prudent, dans l’attente de la mise en oeuvre de l’accord. « Il faut attendre de voir », a expliqué cette source qui a requis l’anonymat. « J’espère certainement que c’est vrai et que le pays va retrouver un gouvernement civil pour que le Mali puisse se remettre sur pied ».

Les Touaregs contrôlent le nord du Mali

L’annonce de l’accord a eu lieu quelques heures après la proclamation par les rebelles touaregs, qui se sont emparés de tout le nord du pays à la faveur de la confusion créée par le coup d’Etat, de l’indépendance de leur nation Azaouad. Les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azaouad (MNLA), qui revendique l’autonomie de la région de l’Azaouad, foyer traditionnel des nomades touaregs, avaient lancé le 17 janvier un nouveau soulèvement dans le nord du pays.

Un porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azaouad (MNLA), qui a pris le contrôle des trois principales villes du nord du Mali, avait annoncé un cessez-le-feu jeudi. Moussa Ag Assarid a précisé qu’une trêve avait été décidée afin de permettre la reprise de l’aide humanitaire au nord, où des magasins ont été pillés.

Et également parce que le groupe rebelle touareg a atteint son objectif: « depuis avant-hier, lorsque nos unités ont atteint Douentza, que nous considérons comme la frontière, l’offensive militaire est déclarée finie », a-t-il ajouté, parlant d’une ville située à quelque 600 km de Bamako.

Le mouvement a profité de l’instabilité provoquée par le putsch du 21 mars pour s’emparer des trois principales villes du nord du pays, Gao, Kidal et Tombouctou. Une offensive qui a débouché sur la partition de facto du pays, sans que l’on sache exactement laquelle des différentes armées insurgées occupe quelle ville.

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L’Occident est particulièrement inquiet de la présence de la faction islamiste Ansar Dine, groupe qui a annoncé cette semaine l’imposition de la charia, la loi islamique, à Tombouctou, ville antique patrimoine mondial de l’Humanité et bastion historique de l’islam éclairé.

Selon le maire de la ville, Ousmane Halle, la quasi-totalité de la communauté chrétienne de Tombouctou, soit 300 personnes, a pris la fuite après cette annonce, via les ondes de la radio locale. Il a déploré ce départ d’une communauté « qui a vécu à nos côtés pendant des siècles ».

Mercredi, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné le putsch du 21 mars. Jeudi, s’exprimant devant la presse à Paris, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a jugé la situation au Mali « extrêmement grave »: « il faut refuser d’accepter le coup d’État, il faut désigner un interlocuteur », un « responsable légitime » qui pourrait lancer le processus électoral.

De leur côté, les chefs d’état-major des armées des pays de la CEDEAO étaient réunis jeudi en Côte d’Ivoire, pour discuter des mesures à prendre après le putsch. Une force de 2000 hommes a été mise en état d’alerte en vue d’une éventuelle intervention au Mali.

La rébellion touareg comprend des factions laïques qui réclament l’indépendance, ainsi qu’une aile islamiste appelée Ansar Dine. Le maire de Tombouctou, Ousmane Halle, a expliqué que le chef d’Ansar Dine avait convoqué les imams de la ville mardi pour annoncer que la charia serait désormais appliquée.

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Selon M. Halle, les imams de cette ville connue pour son pluralisme religieux et son interprétation modérée de l’islam avaient trop peur du chef islamiste pour s’opposer à sa décision. Mais il a déclaré que la communauté n’accepterait pas que les femmes se fassent imposer le port du voile.

Kader Kalil, directeur d’une station de radio communautaire qui a couvert la réunion et qui a rencontré le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghali, a confirmé que la loi islamique avait été imposée à Tombouctou.

Il a précisé que les femmes devaient porter le voile, que les voleurs seraient punis en se faisant couper la main et que les personnes jugées coupables d’adultère seraient lapidées.

Dans une démonstration de force, les rebelles islamistes ont parcouru la ville à bord d’un véhicule blindé de transport de troupes mercredi. Leur drapeau noir était hissé bien en évidence sur le canon du véhicule.

La milice Ansar Dine serait alliée à une faction d’Al-Qaïda présente dans la région, qui a déjà enlevé 50 Occidentaux depuis 2003, dont le diplomate canadien Robert Fowler au Niger.

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