Abou Dhabi. Le simple nom évoque les pétrodollars coulant à flots, une mosquée digne des plus grandes cathédrales, un futur spatioport pour les touristes des zones orbitales ou encore un hôtel à côté duquel les plus grands palais des cours d’Europe font doucement rigoler. Tout cela est vrai. Inutile d’insister sur la capacité de dépense des sujets du royaume; à les voir entrer en rangs serrés dans les boutiques les plus prestigieuses des centres commerciaux les plus extravagants et en ressortir les bras chargés, il est facile de croire que chacun ici est millionnaire par droit de naissance. Cependant, il faut le reconnaître, tout cet étalage ostentatoire de biens terrestres ne fait pas ombrage à la foi.
La mosquée Sheikh Zayed, dite avec raison «Grande mosquée», ne peut laisser indifférent. Cette architecture monumentale de pierre, d’or et de marbre incrusté de lapis-lazuli, d’agate rouge, d’améthyste et de nacre, ces innombrables colonnes (1096), ce surenchérissement de dômes (80), tout concourt à donner l’impression qu’ici l’Islam vit ce que l’Occident chrétien a pu vivre lors de la consécration des cathédrales de Chartres ou de Reims.
Le gigantisme
Architecture presque démesurée (il y a place pour 40 000 fidèles) et pourtant, à l’intérieur, sous les huit tonnes du plus grand des chandeliers et sur le plus grand des tapis persans (7119 m2), tissé par 2400 mains, tout semble parler de paix et de sérénité. Pour un peu, l’infidèle trouverait des raisons de croire, et c’est peut-être finalement l’effet recherché.
Toutefois, converti ou non, l’infidèle a droit au repos des princes, et l’Emirates Palace est là pour ça. Érigé au coût de trois milliards de dollars avec les plus beaux marbres et les plus beaux granits roses, comme son nom l’indique, c’est dans un somptueux palace de 1,3 km de long que vous débarquez.
Au terme d’un accueil empressé comportant hydratation du visage à l’eau de rose et celle du gosier au champagne brut, lorsqu’une hôtesse nordique vous accompagne pour vous montrer le chemin de votre chambre, vous vous sentez déjà comme un émir, même si vous n’êtes accompagné que d’une seule épouse et qu’au milieu des Rolls, Ferrari et autres fantaisies, votre Renault Safrane de location a quelque peu coupé le souffle du valet.