« À toi, pour toujours, ta Marie-Lou », bientôt au TfT

Une cruauté universelle

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Publié 25/01/2011 par Guillaume Garcia

Il y a près de quarante ans, un jeune comédien voyait la pièce À toi, pour toujours, ta Marie-Lou de Michel Tremblay et se disait: «un jour, je jouerai dans cette pièce». Le temps a passé et son vœu s’est exaucé, Guy Mignault, aujourd’hui directeur artistique du TfT va enfin jouer dans ce chef d’œuvre, que beaucoup considèrent comme LE chef d’œuvre de Michel Tremblay.

Écrite en 1971 en un temps de record de deux semaines, la pièce met en scène quatre personnages et se passe sur deux époques, en 1961 et en 1971, « a fin de la Grande noirceur et pendant la révolution tranquille», précise Guy Mignault.

«C’est un manifeste contre l’ignorance, celle qui nous fait faire des affaires épouvantables», explique celui qui était directeur du bateau théâtre l’escale à Hull, la première fois qu’il a vu la pièce, voilà 40 ans.

L’histoire se déroule dans un milieu ouvrier, plus défavorisé socialement que la moyenne et un seul personnage veut s’en sortir, la sœur de Manon, qui veut par ailleurs aider Manon.

«Mais elle est dépourvue de moyens de s’en sortir, elle sombre dans la folie, dans les hallucinations, comme son père, elle ne peut confronter la réalité», ajoute Diana Leblanc, metteure sen scène de la pièce. Pour Diana, cette pièce n’est pas une première, elle a déjà joué plusieurs fois dans celle-ci. Cette expérience lui permet de mieux comprendre comment fonctionnent les comédiens et comment les rejoindre pour les faire jouer comme elle l’entend.

«Pour le comédien, c’est difficile de répéter et de jouer. Les réponses sont entrecoupées par le dialogue des autres comédiens. Personne ne bouge, personne ne se regarde», indique Diana Leblanc. «Le défi c’est de rendre la parole captivante.» Le décor est minimaliste, la volonté étant que le jeu des comédiens et le texte soient le plus en avant possible. Le texte, c’est bien ce qui a bouleversé Guy Mignault, la première fois qu’il a assisté à une représentation de la pièce.

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«Quand j’ai vu cette pièce, ça m’a donné un coup de poing. Ce manifeste contre l’ignorance et la pauvreté… c’est le genre de pièce qui peut changer beaucoup de choses. Les comédiens font ce métier parce qu’ils sentent qu’ils peuvent changer le monde… cette pièce peut changer le monde.»

La grande qualité de la pièce vient du fait qu’il n’y a pas de gentils ou de méchants. Michel Tremblay a créé des personnages sans les juger. «Ce sont des gens dans la merde, mais il y a des lueurs d’espoir». Manon démonise son père Léopold et sanctifie sa mère Marie-Lou, alors que finalement l’un n’est pas Satan et l’autre n’est pas un ange non plus. Mais la cruauté réciproque que se livrent les personnages n’arrange en rien la situation. «La capacité qu’ont les gens, cette capacité de cruauté, ça ne sort pas juste de la pauvreté, c’est universel, mais elle l’exacerbe», analyse Diana Leblanc.

À l’époque, et pour la première fois, Michel Tremblay créait un personnage qui s’en sortait, celui de la sœur de Manon. Tous les autres resteront dans leur «marde», à faire la même «tabarnak de job à tous les jours».

À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, de Michel Tremblay
Mise en scène de Diana Leblanc. Avec Mélanie Beauchamp, Janick Hébert, Marie-Hélène Fontaine et Guy Mignault, présenté au Berkeley Street Theatre du 2 au 19 février 2011.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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