À quand un dictionnaire sur les onomatopées?

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Publié 09/11/2010 par Martin Francoeur

Je suis tombé récemment sur un petit article intéressant concernant les onomatopées. Je me suis souvent interrogé sur les normes qui régissent l’écriture des onomatopées, sur l’indice de notoriété d’un bruit ou d’un son, sur les variantes possibles. Je me suis posé des questions sur l’arbitraire transcription de certains bruits qui ne sont pas nécessairement des onomatopées faisant l’objet d’une entrée dans les dictionnaires.

Bref, les onomatopées sont toujours une source de curiosité, pour ne pas dire d’une certaine fascination.

Les ouvrages de référence nous apprennent que le mot «onomatopée» est d’origine grecque et qu’il traduit simplement «création de mots». Une onomatopée est en fait une interjection émise pour simuler un bruit particulier associé à un être, un animal ou un objet, par l’imitation des sons que ceux-ci produisent.

Certaines onomatopées peuvent être improvisées ou créées pour la circonstance, tandis que d’autres sont conventionnelles et reconnues comme étant des mots. Puisque les onomatopées sont considérées comme étant généralement de création libre, aucun dictionnaire ne saurait être exhaustif quant aux onomatopées en usage.

Et c’est aussi la raison pour laquelle on retrouve parfois de nombreuses variantes graphiques pour un même son. Un liquide qui jaillit, par exemple, pourra aussi bien faire pschitt, pschit, pscht ou pcht.

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Bien sûr il y a les onomatopées classiques, comme boum, plouf, crac, atchoum ou bang. La plupart de ces onomatopées reconnues peuvent être employées comme interjections ou comme noms. Lorsqu’elles sont employées comme interjections, on les fera généralement suivre d’un point d’exclamation.

La bande dessinée fait un usage fréquent d’onomatopées pour illustrer les actions sonores non parlées. Qui n’a pas souvenir des bandes dessinées ou même des dessins animés de Batman, dans lesquels les bagarres étaient parsemées de Whack!, Sploinnng!, Sock! ou Ffuittt!?

Évidemment, on donne ici dans les extrêmes. Aucun coup de poing, fût-il sur la gueule, ne fait sock! quand il atteint sa cible. Francophones que nous sommes, nous opterions spontanément pour paf !

Mais il reste que les amas de consonnes qui apparaissaient dans les combats de Batman illustrent bien la nécessité de transposer à l’écrit certains bruits.

Dans la langue française, la forme la plus courante de cette reproduction se retrouve dans les cris d’animaux. On dira qu’un chien fait ouah!, que l’oiseau fait cui-cui, que le coq fait cocorico. Il s’agit ici de bruits que l’on tente de reproduire à l’écrit. Mais on a poussé l’audace plus loin en formant des noms ou des verbes avec le cri que poussent certains animaux. On parlera donc du miaulement, du coassement, du ronron ou du ronronnement, du meuglement.

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Les objets produisant des bruits sont eux aussi des sources intéressantes d’onomatopées. On n’a qu’à penser au tic-tac de l’horloge, au drelin de la sonnette, au tchou-tchou d’un train. Le contact de certains objets avec une autre matière provoque aussi des sons: plouf, boïng, clang. Bref, ce ne sont pas les sources d’onomatopées qui manquent.

La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française nous indique que les règles d’accord des onomatopées sont imprécises et que l’usage varie.

Toutefois, l’onomatopée est toujours invariable lorsqu’elle est employée comme interjection. Lorsqu’elle est employée comme nom, elle est généralement variable si elle est composée d’un seul son (des atchoums) ou si elle est formée d’un même son qui est répété et soudé (des ronrons). À l’inverse, elle est généralement invariable lorsqu’elle est formée de sons, semblables ou non, qui sont séparés par un trait d’union (des miam-miam).

Les rectifications orthographiques recommandent par ailleurs de souder les onomatopées ainsi construites et d’ajouter un s au pluriel lorsqu’elles sont employées comme noms. On devrait donc écrire: des cuicuis, des tictacs, des tsointsoins. Il vaut toutefois mieux consulter les dictionnaires comment mettre au pluriel certains de ces noms, à condition bien sûr qu’ils soient répertoriés.

On notera enfin que les onomatopées seront différentes selon la langue.

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Le bruit que fait le chien ne sera pas le même en français qu’en anglais. Le ouah! ou le wouf-wouf! fera place à arf! ou à woof!. Le coin-coin du canard deviendra quack en anglais. Et la liste d’exemples serait longue. Tout est une question de système phonologique, nous disent les ouvrages de référence.

Alors à quand un dictionnaire français-anglais uniquement consacré aux onomatopées?

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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