Le modeste quartier qui enjambe l’avenue Lansdowne au nord de la rue Bloor ne défraie pas souvent la chronique, si ce n’est parfois un reportage sur des activités peu louables. Signaler sa contribution à l’accroissement des espaces verts pourrait bien passer pour tenir de la naïveté, en cette période où tout un chacun vante les bienfaits des arbres et pendant qu’Al Gore se voit décerner un prix Nobel pour avoir galvanisé des millions de personnes par son plaidoyer en faveur de l’environnement. Mais sauver la planète ne se fera pas qu’avec de grands coups d’éclat. Il faut aussi une multitude de petits gestes qui affectent le quotidien de tout et chacun. Ces gestes auront un effet durable. Il ne suffit pas que les villes plantent des milliers d’arbres; il faut que chaque individu soit conscient d’avoir à jouer un rôle.
À Québec, toute nouvelle naissance est accompagnée de la plantation d’un arbre. Les parents ont le loisir de déterminer l’endroit où elle sera faite et l’enfant voit son nom inscrit sur une plaque commémorative dans un parc public. Au rythme des nouvelles naissances, cela se traduit sans doute en un nombre relativement restreint de nouveaux arbres, mais le geste est de nature à engendrer une fierté associée à l’environnement, et celle-ci donnera possiblement lieu à d’autres actions.
Dans le quartier Davenport à Toronto, GreenHere a choisi une autre manière et des résultats concrets n’ont pas tardé à voir le jour. On sait que le maire Miller voudrait doubler le couvert végétal de sa ville d’ici 2020, pour qu’il atteigne 35% du territoire. Selon le directeur du service des arbres, Richard Ubbens, c’est plutôt près de 50 ans qu’il faudra, au rythme annuel de 200 000 nouveaux arbres. C’est cinq fois plus que ce que l’on plante couramment.
Quel que soit le temps requis, la ville devra compter sur une foule de petits partenaires comme GreenHere. Parce qu’ils travaillent dans le milieu, au ras du sol pourrait-on dire, ceux-ci sont un maillon essentiel pour agir sur le comportement des citoyens.
GreenHere se donne trois ans pour augmenter de 30% le couvert végétal dans le quartier Davenport. Vouloir aller plus vite que même les plus optimistes à l’hôtel de ville est sans doute fort ambitieux, mais il faut reconnaître qu’en peu de temps GreenHere a beaucoup accompli.