À la découverte du Vaudou

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Publié 18/03/2013 par Gabriel Racle

Le vaudou? Une aura de mystère a toujours entouré et entoure encore souvent le vaudou. Qu’est-il exactement? Un rituel magique évocateur de zombies, d’étranges morts-vivants ramenés à la vie par des pratiques mythiques ou mystiques ou ensorceleuses? Une culture ou une religion, étroitement associées, et dans lesquelles se mêlent des pratiques syncrétiques? Ou une vénérable tradition africaine qui se perpétue simplement d’âge en âge, à travers le temps et l’espace?

À vous de voir…

Il vous est peut-être possible d’en savoir un peu plus puisque, pour reprendre le titre d’un article récent, «Le vaudou entre au musée» (La Presse), en faisant allusion à une exposition organisée au Musée canadien des civilisations à Gatineau, sous le titre «Vodou – Un art de vivre». Cette exposition en cours depuis quelque temps se tiendra jusqu’au 23 février 2014, ce qui donne largement aux personnes intéressées l’occasion de la voir.

À l’entrée de l’exposition, une affiche précise qu’ici le mot vaudou est écrit vodou pour mieux tenir compte du terme haïtien qui désigne ce que l’ancien président de ce pays, Jean-Bertrand Aristide, avait reconnu comme religion. Le visiteur se fera sa propre idée, accueilli qu’il est par le contraste du rouge et du noir.

Force spirituelle

Car au-delà des déclarations officielles, seule compte l’idée ou l’impression que le visiteur se fait du vaudou. Le musée qualifie cette exposition «d’exceptionnelle», de «remarquable», comme allant «au-delà des mythes et des clichés véhiculés par Hollywood qui sont habituellement associés au culte vodou. L’exposition révèle la force spirituelle et le rôle social qu’exerce encore le vodou dans la vie quotidienne de nombreux citoyens d’Haïti».

«Dans le cadre de cette exposition, les visiteurs auront le rare privilège de découvrir une tradition spirituelle complexe, ses croyances et ses rituels selon le point de vue des adeptes eux-mêmes», de déclarer aussi le PDG de la Société du musée.

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Compréhension

Certes, ces déclarations visent à démystifier le vaudou et à le sortir de l’ombre dans laquelle il évolue, ce qui est certainement une bonne chose. Il faudrait rappeler au passage que le vaudou est une exportation africaine qui a accompagné la traite des esclaves et leur a certainement servi, comme toute religion, à soutenir leur moral et leur vie sociale, en dehors de la sphère des Blancs.

Les colons blancs interdisaient bien, sous peine de mort, la pratique de cette religion et de cette culture, ce qui en explique le caractère secret. Mais en même temps, ce procédé en assurait la survivance et finalement son expansion, accentuée par sa capacité à intégrer des éléments de la religion catholique prédominante, ce qui rendait finalement le vaudou acceptable. Il faut certainement avoir présentes à l’esprit ces réminiscences historiques pour mieux saisir certains traits de l’exposition, qui ne les explicite pas.

Atteinte à notre patrimoine

Cette exposition est sans doute la dernière du musée en tant que Musée canadien des civilisations, puisque S. Harper a décidé de le supprimer et de le remplacer, au coût de plusieurs millions de dollars, par un musée canadien de l’histoire. Comme si le MCC ne présentait pas l’histoire du Canada. Il suffit de relire la liste de ses expositions et de visiter ses présentations permanentes pour voir qu’il a traité abondamment l’histoire canadienne. Donc un musée consacré à cette fin est inutile.

Racines

De plus, Harper oublie que la civilisation et la culture occidentales importées au Canada par les Européens, prennent leurs racines dans les civilisations grecque, romaine, mésopotamienne, comme nous l’avons montré dans nos articles sur la Mésopotamie, ainsi que portugaise, espagnole, et autres. Pourquoi couper notre culture de ses racines, si importantes pour sa compréhension.

Enfin, le Musée canadien des civilisations tenait une place importante dans le réseau international des musées des civilisations. On le voit dans des articles ou des reportages, comme ceux de TV5Monde, consacrés aux expositions de ce musée, sans parler des échanges d’expositions avec d’autres musées internationaux, à ce titre.

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Associations muséales

La tendance moderne est de créer des associations et des collaborations entre les musées des civilisations. Ainsi, à l’occasion de l’ouverture en juin 2013 du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), le musée du quai Branly à Paris et le MuCEM s’associent pour mettre en place une collaboration active qui se traduira par de nombreux prêts d’œuvres entre les deux institutions.

Le Musée canadien des civilisations aurait pu prendre part à une telle association, pour le bénéfice du Canada et de ses visiteurs, qui ne sont pas que des Canadiens. Le musée canadien de l’histoire n’attirera personne et l’on n’en parlera pas à l’étranger, voire même au Canada. Nous assistons à une destruction de notre patrimoine culturel avec cette décision, au lieu de voir s’épanouir sa promotion. Triste bilan.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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