Marcel Arsenault est décédé

Librairie Champlain

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Publié 02/10/2012 par Jean Malavoy

Marcel Arsenault nous a quittés le 26 septembre après un courageux combat contre le cancer. Le mot courage lui va bien, car son amour des livres et de la Francophonie l’a conduit à diriger la Librairie Champlain de Toronto, que son père Charles et sa mère Berthe avaient fondée en 1960.

Le 30 avril 2009, la librairie fermait ses portes, à la veille de son 50e anniversaire. Toronto perdait sa seule librairie francophone, la seule qui existait au sud d’Ottawa! Les Arsenault ne pouvaient pas faire compétition à l’arrivée d’Internet où tout s’achète en gros avec des réductions mirobolantes. Le bon libraire, qui connait ses livres, qui vous reconnait et vous propose «Ah! j’ai un très bon livre pour toi, tu vas vraiment l’aimer!» a disparu à Toronto cette année-là.

Pourtant, Marcel Arsenault continuait de parler et d’aimer les livres. Quand on l’appelait, il était toujours là, toujours disponible, ne se plaignant jamais, n’attaquant personne. Il nous offrait des pistes pour continuer à acheter des livres et les aimer. Il pensait aussi que ce serait une bonne idée d’avoir une politique du livre en Ontario français.

L’histoire de la librairie Champlain est digne d’un roman. En 1960, Charles Arsenault, le père de Marcel, vendait des meubles à Toronto. Il voulait vendre ses meubles aux écoles de langue française du Grand Toronto.

Il a alors eu cette idée géniale de jumeler chaque bureau d’élève à vendre avec un dictionnaire, ce dernier devenant comme un faire-valoir, un bonus du bureau (il était ainsi le précurseur du 2 pour 1). Les écoles ont aimé. Charles aussi, qui du coup s’est dit : pourquoi ne pas fonder une librairie francophone! Ce qu’il fit. La Librairie Champlain était née. Ses deux fils Marcel et Paul reprisent la relève en 1993 et la Librairie Champlain déménagea à son emplacement du 468, rue Queen est, qu’elle gardera jusqu’à sa fermeture. Le reste appartient à l’histoire.

Marcel Arsenault aura au cours des vingt dernières années tracé des feux de position importants pour tous ceux et celles qui aiment les livres dans le sud ontarien. Il aura tenu le fort, à bout de bras, sans escales, avec la foi tranquille des compagnons de la nuit.

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Son action a nourri plusieurs initiatives comme le Salon du livre de Toronto, la Table de concertation sur le livre franco-ontarien, qui, parrainé par l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français, met la table pour une politique du livre et de la lecture dans l’Ontario français, où nous vivons.

Il y a des modèles qui nous aident à aller plus loin, à conjurer le sort et à trouver dans les drames que nous vivons, les ferments du succès, cette petite lueur qui nous dit que notre culture franco-ontarienne est bien vivante et profonde.

Marcel Arsenault fut de ceux-là. Il le fut avec cette humilité rayonnante qui le caractérisait et sa gentillesse contagieuse que jamais nous n’oublierons.

Jean Malavoy est directeur général du Salon du livre de Toronto

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