Quelle place pour le cinéma torontois?

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 18/09/2012 par Guillaume Garcia

Coincé entre les États-Unis et le Québec, deux mastodontes en matière de production cinématographique, Toronto éprouve de la difficulté à exister. La ville a pourtant vu naître de grands réalisateurs comme David Cronenberg ou Vincenzo Natali. Une jeune Française, Joanne Belluco est tombée amoureuse du cinéma torontois dans sa jeunesse et s’est envolée vers la Ville Reine en 2006 pour comprendre comment la ville influençait ses réalisateurs préférés.

Après cinq ans de travail, elle finalise son projet de film intitulé Toronto By Its Insiders. Joanne Belluco a rencontré les acteurs de «la nouvelle vague torontoise», tant dans le monde du cinéma que de la musique.

Elle cherche aujourd’hui les fonds pour acheter les droits des extraits présents dans le film et se questionne sur l’intérêt des Torontois pour leur cinéma. L’Express l’a rencontrée lors de son dernier passage à Toronto où elle venait montrer le film aux cinéastes présents dans le film.

Travaillant pour l’industrie cinématographique en France, Joanne Belluco avait déjà quelques contacts qui ont pu l’aiguiller rapidement lors de son arrivée à Toronto.

Fascinée par la ville depuis toujours elle est venue au Canada avec comme objectif de rencontrer les cinéastes comme Cronenberg, Egoyan, Natali, afin de comprendre si le côté dérangeant, transgressant, de leurs films venait de la ville qui les avait enfantés, ou bien si c’était plutôt les réalisateurs qui construisaient une image subjective de leur ville.

Publicité

La fin du monde à Toronto

«Le point de départ a été Last Night de Don McKellar. Il montre la fin du monde, mais à Toronto.» Voulant voir pourquoi les Canadiens et plus particulièrement les Torontois réagissaient d’une manière calme et posée à la fin du monde, tout au moins comme le montrait le film, la Parisienne décide d’aller voir sur place.

«J’ai tout plaqué à 30 ans. En arrivant à Toronto, David Cronenberg me dit que pour comprendre Toronto il fallait que je rencontre Michael Snow. J’ai travaillé de génération en génération, de Snow à la nouvelle vague. Je pensais rester trois quatre mois et je suis restée deux ans. J’étais devenue la French Girl. Les cinéastes se parlaient et se demandaient entre eux ‘Est-ce que tu as vu la French Girl?’. Les gens ont été surpris de ma démarche. Mais ils se sont appropriés le projet et m’ont fait confiance.»

Ce qui les a surpris vient certainement du fait que Joanne Belluco est la première personne à avoir fait des recherches aussi complètes sur l’histoire du cinéma torontois.

De ce travail acharné, la jeune réalisatrice ressort des éléments surprenants. «Le cinéma torontois c’est une seule famille. Les plus jeunes ont tous étudié ensemble. Si je suis à Paris, je ne sais pas de quelle famille de cinéma je suis. Ici ils se connaissent tous et vivent dans le même quartier. Ce sont aussi des gens qui ne quittent pas leur ville. Cronenberg habite toujours ici, même s’il fait des films aux États-Unis. Le cinéma ici est très underground.»

Ce qui a le plus étonné Joanne Belluco vient de la proximité qui unit cette communauté particulière. «Ils ont tous travaillé ensemble. L’un a joué dans les films de l’autre, qui a été le monteur d’un troisième…»

Publicité

Les fantasmes d’une Française

Assise à la terrasse d’un café de la petite Italie, le quartier de la plupart de cinéastes rencontrés par Joanne Belluco, la réalisatrice se révèle intarissable sur l’histoire du cinéma torontois. «Quand je suis arrivée, je suis allée dans un petit vidéoclub. Le type qui tenait le truc ressemblait à Samuel L. Jackson. Il avait tous les films de ces mecs.»

Joanne a donc créé son film avec les protagonistes comme personnages. «Ce sont mes fantasmes. Je les ai filmés comme je voulais les voir, dans des lieux qui les représentaient dans mon esprit.»

Ce qui choque particulièrement Joanne est la méconnaissance profonde des Torontois et des Canadiens pour leur cinéma. «Ils ne sont pas fiers de leur cinéma».

Dans le documentaire, on peut voir Atom Egoyan parler de son influence par le cinéma québécois, et dire qu’il n’existait rien à Toronto, quand il a commencé à réaliser des films. C’est ce côté tranquille, à faire leurs films dans leur coin que ne comprenait pas Joanne.

«Je les ai bousculés avec mon documentaire. Ils ne voyaient pas ce qu’il y avait à dire sur le sujet. Pour eux, comme j’étais Française, j’étais la nouvelle vague».

Publicité

Quelques gros hits

Si le cinéma torontois n’est pas encore reconnu comme un acteur majeur à l’échelle internationale, c’est peut-être, comme le dit Patricia Rozema, parce qu’il n’y a pas encore trois gros hits torontois.

Présenté aux réalisateurs présents dans le film la semaine dernière lors d’une soirée Apéro-chic, le film attend maintenant d’avoir ses papiers en règle, c’est-à-dire d’avoir payé tous les droits des extraits vidéos et audios présents au montage, pour être diffusé à plus grande échelle. Vous pouvez aider Joanne à financer les quelque 7000 dollars $ manquant sur la page de financement du film.

http://fr.ulule.com/toronto-by-its-insiders/

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur