Des enseignants manifestent contre le gel de leurs salaires

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Publié 28/08/2012 par La Presse Canadienne et L'Express

à 14h28 HAE, le 30 août 2012.

TORONTO – La pelouse de l’assemblée législative de l’Ontario a été prise d’assaut, mardi midi, par des enseignants venus dénoncer le gel salarial que veut leur imposer le gouvernement libéral pour parvenir à réduire à zéro d’ici 2017 le déficit annuel de 15 milliards $ de la province.

Les fédérations des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire et du secondaire de l’Ontario et le Syndicat canadien de la fonction publique brandissaient des drapeaux et des pancartes pour demander au gouvernement libéral minoritaire de négocier avec eux plutôt que de légiférer.

Par ailleurs, l’Association canadienne des libertés civiles s’est rangée derrière les syndicats qui prévoient contester la loi devant les tribunaux si jamais elle est adoptée par l’assemblée législative de la province. L’organisation affirme que la loi viole le droit à la négociation collective et abolit le droit de grève (même si aucune grève ne semble imminente), estimant le tout anticonstitutionnel.

Trois syndicats représentant quelque 45 000 enseignants et employés des réseaux scolaires catholique anglophone et catholique et public francophone ont déjà accepté l’entente de deux ans proposée par le gouvernement, qui souhaite maintenant l’imposer à tous les autres.

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D’ailleurs, au cours d’assemblées tenues du 20 au 29 août, les unités de négociation de l’Association des enseignants franco-ontariens à travers la province ont toutes, sans exception, ratifié l’entente de principe conclue le 9 août dernier avec le gouvernement provincial.

Mais les trois autres syndicats, qui comptent quelque 191 000 membres, s’y opposent farouchement.

La loi, qui sera vraisemblablement adoptée grâce à l’appui de l’opposition conservatrice, réduira aussi les avantages sociaux des enseignants, en plus d’interdire les grèves et les lockouts pour au moins deux ans.

Le premier ministre Dalton McGuinty a expliqué que le gouvernement est incapable d’accorder des hausses salariales aux enseignants, puisqu’il a besoin d’argent pour déployer la maternelle à temps plein et éviter des classes bondées. «Nous ne pouvons faire ça pour l’instant, a-t-il lancé mardi lors de la période de questions à Queen’s Park. Nous ne sommes pas prêts à faire ça, et je pense que les enseignants le comprennent.»

Ni M. McGuinty ni la ministre de l’Éducation, Laurel Broten, ni le chef progressiste-conservateur, Tim Hudak, n’ont voulu aller rencontrer les manifestants.

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Les syndicats et l’opposition néo-démocrate accusent le gouvernement McGuinty d’avoir créé cette crise de toutes pièces afin de détourner l’attention des électeurs de différents scandales qui l’ont éclaboussé, à l’approche de deux élections complémentaires qui pourraient permettre aux libéraux de former un gouvernement majoritaire.

Le gouvernement libéral minoritaire a convoqué l’Assemblée législative de l’Ontario en session extraordinaire lundi, afin de déposer son projet de loi spéciale.

Le gouvernement a déjà conclu des ententes avec les syndicats des enseignants catholiques et des francophones – mais pas avec leurs employeurs, les conseils scolaires, qui ont dénoncé les concessions non monétaires accordées aux syndicats sur l’embauche des enseignants, l’évaluation et l’accueil des élèves.

Qui plus est, ces conditions non monétaires ne figurent pas dans le projet de loi spéciale déposé lundi, ce qui signifie que les conseils scolaires catholiques anglophones et les deux systèmes francophones pourraient ne pas disposer de la même latitude que les conseils scolaires publics anglophones en matière d’embauche des enseignants et d’évaluation des élèves.

Le plus gros syndicat, celui des enseignants du secteur public anglophone, qui reste réticent face aux conditions de travail imposées par le gouvernement, ne profiterait donc pas des concessions non monétaires obtenues par les syndicats qui ont déjà accepté de signer avec le gouvernement.

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La loi «donnant la priorité aux élèves» – un titre mensonger selon ses détracteurs – vise à «garantir la viabilité financière du système d’éducation public, ainsi que la paix sociale et la stabilité dans nos écoles», selon la ministre Laurel Broten, qui veut empêcher que la rentrée scolaire ne soit ponctuée de grèves… même si les syndicats répètent à toutes les tribunes ne pas considérer ce moyen de pression impopulaire.

La rémunération des enseignants et du personnel de soutien représente 85% des dépenses en matière d’éducation. «Afin de gérer ces dépenses de manière responsable, nous avons invité il y a 6 mois les syndicats des enseignants et du personnel de soutien, ainsi que les associations de conseillers agissant pour le compte des conseils scolaires, à participer à une troisième table provinciale de discussion (TPD) fondée sur des paramètres financiers clairs», rappelle Mme Broten.

Mais «le syndicat d’enseignants le plus important de l’Ontario a quitté les négociations il y a plusieurs mois pour ne jamais y revenir, malgré de multiples invitations. D’autres partenaires ont également quitté définitivement les négociations. Nous devons donc agir», justifie la ministre.

«Les familles ontariennes ont besoin de savoir avec certitude que l’année scolaire débutera à la date prévue et qu’elle ne sera pas interrompue par des conflits de travail.»

L’opposition progressiste-conservatrice, qui propose un gel des salaires dans toute la fonction publique, a signalé son intention de voter en faveur de la loi spéciale. Le Nouveau Parti démocratique, proche des syndicats, devrait s’y opposer.

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Les trois principaux partis de la province sont très actifs dans les circonscriptions de Kitchener-Waterloo et de Vaughan, où des élections complémentaires auront lieu le 6 septembre. Le premier ministre Dalton McGuinty était de nouveau de passage à Waterloo lundi, puisque ces élections pourraient le doter d’un gouvernement majoritaire.

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