Joyce Carol Oates occupe depuis longtemps une place au tout premier rang des écrivains contemporains. Cette Américaine, qui a remporté le prix Femina étranger en 2005 pour Les Chutes, a récemment publié Le Musée du Dr Moses, un recueil de dix nouvelles de plaisir… diabolique.
Dans chaque nouvelle le décor est vite planté et en général des plus ordinaire.
L’auteure part souvent d’une banalité quotidienne, puis distille cette atmosphère en quelques phrases innocentes pour y superposer une vague inquiétude qui se transforme lentement en subtile terreur.
La première nouvelle, «Salut! Comment va!», est une phrase de cinq pages et demie. Si vous êtes amateur de jogging, vous vous retrouverez en pays ou terrain de connaissance. Mais attention! La fin pourrait vous dégoûter à jamais de cette forme d’exercice…
L’auteure a souvent recours à des phrases courtes et sans verbe. Elle écrit, par exemple que «Leur père était en vie. Et vieillissant.» Elle commence la nouvelle «Dépouillement» en ces termes: «Se dépouiller des choses salies. Des choses tachées. Des odeurs.»