Québec: Marois ne tiendra un référendum que si les conditions gagnantes sont réunies

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Publié 01/08/2012 par Martin Ouellet (La Presse Canadienne)

à 11h58 HAE, le 2 août 2012.

QUÉBEC – La tenue d’un référendum sur la souveraineté ne figure pas, pour l’instant, à l’agenda du Parti québécois, a affirmé mercredi à Québec la chef Pauline Marois au premier jour de la campagne électorale.

Avant même l’annonce officielle des élections par le premier ministre Jean Charest, Mme Marois a plongé tête première dans le débat, invoquant, comme priorité absolue, l’urgence de chasser du pouvoir les libéraux de Jean Charest. «L’enjeu le plus urgent, c’est de changer le gouvernement libéral de Jean Charest, ce gouvernement usé et corrompu», a-t-elle dit.

Arborant une nouvelle coiffure, vêtue d’un sobre tailleur gris, la leader péquiste s’est présentée comme celle pouvant ramener «l’intégrité en politique» et mettre fin «à l’influence de l’argent» sur les partis.

«Contrairement aux libéraux, nous avons choisi l’honnêteté. Notre vision d’avenir pour le Québec se résume simplement: s’affirmer, s’enrichir, s’entraider», a-t-elle déclaré en point de presse, entourée d’un groupe de candidats de la région de Québec.

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Le PQ va oeuvrer à «l’enrichissement collectif», a précisé Mme Marois, accusant le Parti libéral d’enrichir exclusivement «ses amis» et de «vendre à rabais» les ressources naturelles.

Quant à elle, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault «marche dans les pas» du PLQ au service «d’une minorité de privilégiés», a argué la chef du Parti québécois.

Au sujet de la question nationale, Mme Marois a reproché aux libéraux et caquistes de «garder le Québec dans une position de faiblesse» en perpétuant le statu quo devant un gouvernement fédéral qui «heurte de plein fouet» les intérêts économiques et les valeurs des Québécois.

«Le Canada est devenu un risque pour le Québec, a soutenu la leader souverainiste. Nous devrons éventuellement choisir entre demeurer une province du Canada ou devenir un pays.»

«À nous de choisir»

Le Parti québécois a choisi pour thème de campagne la formule «À nous de choisir» mais cela n’annonce pas pour autant une nouvelle consultation sur le statut constitutionnel du Québec. La chef péquiste refuse en effet de s’engager à tenir un référendum sur la souveraineté dans un prochain mandat de gouvernement.

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Le Canada a beau mettre à risque les valeurs du Québec, le fruit n’est pas encore tout à fait mûr pour une troisième campagne référendaire, a fait comprendre Mme Marois.

«Aujourd’hui, on ne vote pas pour ou contre un référendum, on vote pour ou contre un gouvernement. Le jour où il y aura un référendum, et nous le déciderons le moment venu – je garde l’agenda ouvert – il n’y aura pas de surprise», a expliqué Mme Marois.

Pour l’heure, «je n’ai pas encore pris cette décision (de tenir un référendum), nous la prendrons si nous pensons que nous sommes capables de gagner et si nous croyons que nous sommes prêts à poser la question. C’est un agenda qui reste ouvert», a-t-elle ajouté.

Mme Marois a livré devant la presse nationale et quelques dizaines de militants les grandes lignes du programme électoral de son parti, s’engageant en outre, si le PQ est porté au pouvoir au scrutin du 4 septembre, à instaurer des élections à date fixe.

Le programme prévoit aussi le financement essentiellement public des partis politiques, le renforcement de la Loi 101, une bonification du régime de redevances minières, un accès «abordable» à l’éducation supérieure et l’ajout de places en garderie.

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«Un enfant, une place», a-t-elle promis en regard du réseau des services de garde.

La députée de Charlevoix a par ailleurs servi la réplique à son vis-à-vis libéral qui s’emploie depuis déjà plusieurs semaines à associer le Parti québécois à la «rue» et au désordre.

Être près du peuple ne constitue pas une tare, a fait valoir Mme Marois, qui avait battu plutôt maladroitement la mesure à coups de casseroles le printemps dernier dans une manifestation anti-gouvernement.

«Il me semble que ça ferait du bien à M. Charest d’aller dans la rue. Il comprendrait mieux les besoins des Québécois. Il a des problème à y aller (dans la rue) parce qu’à chaque fois, il doit être accompagné d’une horde de policiers», a-t-elle lancé, sous les applaudissements des militants.

Désamorcer la crise étudiante

Jeudi, Pauline Marois a annoncé que, s’il est porté au pouvoir, le Parti québécois (PQ) annulera la hausse des frais de scolarité décrétée par le gouvernement Charest, organisera un vaste sommet sur l’avenir des universités et abrogera l’«ignoble» loi 78, et ce, dans les 100 premiers jours de son mandat.

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Selon la chef péquiste, cette position «reçoit l’appui d’une majorité de Québécois» et elle permettra de régler la crise étudiante et sociale.

Elle a affirmé que ses principaux adversaires politiques, Jean Charest et François Legault, refusent d’examiner la question de la gestion des universités. Ils veulent plutôt «augmenter les frais de scolarité de façon drastique, endetter la jeunesse Québécoise et faire durer la crise avec la loi 78», a martelé Pauline Marois.

Mme Marois était de passage dans la circonscription de Laval-des-Rapides, où la lutte promet d’être très serrée entre son candidat Léo Bureau-Blouin, le ministre délégué aux Finances sortant, le libéral Alain Paquet, et l’ancienne présidente de l’Ordre des ingénieurs, Maud Cohen, dont la candidature a été confirmée par la Coalition avenir Québec (CAQ) en début de journée.

Son jeune candidat, qui a défendu le gel des frais de scolarité en tant que président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), a dit continuer de croire que le gel était une «politique gagnante», mais se rallie à la position du PQ, qui préconise plutôt une indexation.

M. Bureau-Blouin a plaidé qu’il était d’abord et avant tout un «homme de consensus» qui ne verse pas dans le dogmatisme. Il a d’ailleurs dit souhaiter que le mouvement étudiant songe à une trêve électorale, jusqu’au vote du 4 septembre.

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Il a par ailleurs admis avoir été étonné «de la rapidité et de la véhémence avec laquelle Charest s’est attaqué à (sa) candidature». M. Charest a affirmé mercredi que Léo Bureau-Blouin était l’un des «instigateurs» de la crise étudiante.

PAULINE MAROIS

Née à Québec le 29 mars 1949

Mariée et mère de quatre enfants

Formation: baccalauréat en service social, Université Laval et maîtrise en administration des affaires (MBA) aux HEC, Université de Montréal

Avant d’entrer en politique: consultante budgétaire, responsable du service animation, coordonnatrice du cours en assistance sociale, directrice générale d’un CLSC, attachée de presse, consultante, directrice de cabinet, professeur à l’Université du Québec à Hull

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Carrière politique: députée de La Peltrie de 1981 à 1985, puis députée de Taillon de 1989 à 2006, puis députée de Charlevoix depuis 2007. Elle a été ministre d’État à la Condition féminine, de la Main-d’oeuvre et de la Sécurité du revenu, présidente du Conseil du trésor, ministre des Finances et ministre du Revenu, ministre responsable de la Famille, ministre de l’Éducation, ministre de la Famille et de l’Enfance, ministre d’État à la Santé et aux Services sociaux, ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie, ministre d’État à l’Économie et aux Finances, ministre de l’Industrie et du Commerce, vice-première ministre.

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