Québec: Charest en appelle à la majorité silencieuse

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Publié 01/08/2012 par Jocelyne Richer et Alexandre Robillard (La Presse Canadienne)

à 10h13 HAE, le 2 août 2012.

QUÉBEC – Le chef libéral Jean Charest a placé la crise étudiante du printemps dernier au coeur de la campagne électorale déclenchée mercredi, au terme de laquelle il souhaite obtenir un quatrième mandat pour gouverner le Québec.

Quelque 6 455 258 électeurs sont invités à se donner un nouveau gouvernement le mardi 4 septembre, lendemain de la Fête du Travail. Après avoir rencontré le lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne pour dissoudre l’Assemblée nationale et officialiser le déclenchement de la campagne, M. Charest a pris la parole dans une zone sécurisée à l’extérieur de l’aéroport de Québec.

Alors que les leaders étudiants ont affirmé mercredi leur intention de lutter contre la réélection des libéraux, M. Charest a donné le coup d’envoi au marathon électoral sans être perturbé par des manifestants. Tout au plus un éclat de voix et une note de trompette, provenant de l’autre côté de l’édifice, auront brièvement mis les responsables de la sécurité sur les dents.

Sur une estrade érigée sur le tarmac, flanqué par la majorité de ses ministres ainsi que des candidats libéraux de la grande région de Québec, M. Charest a déclaré que l’élection permettra à la «majorité silencieuse» de s’exprimer sur la hausse des frais de scolarité, qui a plongé le Québec dans une crise sociale au printemps.

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«La rue a fait beaucoup de bruit, a-t-il dit. C’est maintenant au tour des Québécois de parler et de trancher cette question.»

Le carré rouge

Comme il l’a fait précédemment, M. Charest s’est appliqué à associer son adversaire péquiste aux perturbations, en rappelant que Pauline Marois et ses députés ont arboré le carré rouge, symbole de la lutte étudiante.

Selon le chef libéral, l’enjeu de la prochaine élection est fondamental, puisque les électeurs devront choisir entre la prospérité offerte par son équipe où le chaos inévitable avec les péquistes.

Avant de vanter le Plan Nord, son projet de développement économique du nord québécois, M. Charest a insisté sur les risques de ralentissement économique qui pointent à l’horizon.

«Ces constats sont inquiétants et laissent présager des secousses qui ne manqueront pas de nous toucher si nous ne sommes pas tous au travail, a-t-il dit. Ici encore le choix est simple entre la stabilité et l’instabilité.»

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Jean Charest a promis jeudi de créer 250 000 nouveaux emplois durant un prochain mandat afin d’amener, d’ici 2017, le taux de chômage du Québec sous la barre des six pour cent.

À l’heure actuelle, le taux de chômage au Québec se situe autour de 7,7 pour cent.

Une question de programme

Mercredi matin, avant le conseil des ministres où le déclenchement électoral a été décidé, la ministre des Relations internationales Monique Gagnon-Tremblay a déclaré que les libéraux devront «travailler très fort» pour obtenir un quatrième mandat, après plus de neuf ans au pouvoir.

«Il faut dire qu’après neuf ans, après avoir passé neuf ans, c’est un gros défi à relever», a-t-elle laissé tomber, avant d’ajouter que «M. Charest est en pleine forme».

Mme Gagnon-Tremblay a rejeté la notion d’usure du pouvoir, bien que généralement, aux cours des dernières décennies au Québec, les gouvernements ont changé après environ deux mandats de quatre ans.

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«Ce n’est pas une question d’usure, c’est une question de programme, de ce qu’on a à offrir à la population», a-t-elle argué, en vantant le bilan des libéraux sur le front de l’économie, pour démontrer que le passé est garant de l’avenir.

La ministre de la Culture Christine St-Pierre a affirmé que les électeurs devront se prononcer sur les visions des libéraux et des péquistes concernant les différents enjeux.

Mme St-Pierre a insisté sur le discours économique de son chef et elle a défendu les publicités négatives des libéraux à propos de la chef péquiste.

«Ça va être un message, dans la campagne électorale, des visions qui sont celle du premier ministre Charest, c’est-à-dire le développement économique du Québec et l’autre vision, qui est celle de Mme Marois et ses faucons, c’est-à-dire de faire en sorte que le Québec se déchire», a-t-elle dit.

Rentrées scolaires

Le ministre des Finances Raymond Bachand a reconnu que l’attention des électeurs sera peut-être moins grande au début de la campagne, alors que plusieurs sont en vacances.

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M. Bachand s’est montré confiant que cela n’aura pas d’impact négatif sur le taux de participation à l’élection, qui avait atteint un creux historique lors du dernier scrutin de 2008.

«Tout le monde est revenu à partir du 15-17 août, parce que c’est les rentrées scolaires partout, tout le monde est là, a-t-il dit. Et comme il n’y a pas beaucoup d’autres choses dans l’actualité, au contraire, les gens vont peut-être y porter plus d’attention.»

Au moment de la dissolution de la Chambre, qui compte 125 sièges, les libéraux, qui formaient un gouvernement majoritaire, en détenaient 64, le Parti québécois, 47, la Coalition avenir Québec, 9, Québec solidaire, 1, Option nationale, 1, 2 députés siégeaient comme indépendants et 1 siège était vacant, celui de Bourassa-Sauvé, occupé par l’ex-ministre de l’Éducation, Line Beauchamp, jusqu’à sa démission le 14 mai dernier.

La performance de Maurice Duplessis

S’il est défait, le 4 septembre, Jean Charest aura dirigé les destinées du Québec pendant tout près d’une décennie. Mais s’il sort victorieux d’un combat qui s’annonce difficile, il aura accompli l’exploit, contre vents et marées, de se maintenir au pouvoir pendant quatre mandats d’affilée, égalant ainsi la performance de Maurice Duplessis, au pouvoir de 1944 à 1959 sans interruption.

C’est un pari risqué pour le premier ministre, qui doit composer avec un taux d’insatisfaction record envers son gouvernement, qui dépasse les 70 pour cent depuis des mois, si on se fie à plusieurs sondages d’opinion. Il devra donc miser sur une forte remontée de l’appui du vote francophone envers son parti pour espérer former le prochain gouvernement.

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Malgré une popularité déclinante, il peut espérer gagner son pari, si le vote francophone se fractionne entre le Parti libéral (PLQ), le Parti québécois (PQ) et la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault, bon troisième dans les sondages.

Selon ce scénario, les libéraux pourraient souhaiter une remontée de la CAQ dans les intentions de vote, afin de gruger une partie du vote péquiste. Les derniers sondages donnent une bonne avance au Parti québécois chez les électeurs francophones. Mais le PLQ et le PQ sont pratiquement à égalité, à la ligne de départ, avec environ 30 pour cent d’appui de la population en général.

La véritable question est donc de savoir si le Québec assistera à une lutte à deux (PLQ-PQ) ou bien à une véritable lutte à trois avec la CAQ, qui pourrait brouiller les pistes. En ce cas, si la lutte s’annonce serrée, quelques milliers de vote pourraient faire la différence pour donner le pouvoir à un parti ou à un autre.

JEAN CHAREST

Né à Sherbrooke le 24 juin 1958

Marié, père de trois enfants

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Formation en droit. Admis au Barreau du Québec en 1981.

Avant d’entrer en politique: pratique le droit à Sherbrooke

Entrée en politique: en 1984, candidat pour le Parti progressiste-conservateur du Canada dans Sherbrooke. Élu député fédéral lors des élections générales à l’âge de 26 ans.

Carrière politique: Au fédéral, il est nommé ministre d’État à la Jeunesse en 1986 à l’âge de 28 ans. Devient le plus jeune membre d’un cabinet fédéral. Il est ensuite ministre d’État à la Condition physique et au Sport amateur, leader adjoint du gouvernement, président du Comité parlementaire spécial pour le projet de résolution d’accompagnement à l’Accord du lac Meech, ministre de l’Environnement, ministre de l’Industrie et des Sciences, vice-premier ministre, candidat au leadership du Parti progressiste-conservateur du Canada en 1993, chef du Parti progressiste-conservateur, vice-président du Comité national des Québécois pour le Non pendant la campagne référendaire au Québec en 1995.

Au plan provincial: il devient chef du Parti libéral du Québec en avril 1998 et chef de l’opposition officielle en décembre de la même année, il est assermenté comme premier ministre du Québec le 29 avril 2003, de nouveau le 18 avril 2007 et le 18 décembre 2008.

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